L’un des aspects de l’autisme qui est le plus marquant et qui émet l’inquiétude au sein des familles est l’absence, voire les troubles, de langage ; d’ailleurs c’est l’élément clé qui pousse les parents à la consultation. Un enfant dont le développement est neurotypique commence à réagir à son prénom et à comprendre certaine notion comme le « non », quelques mots de son environnement aux alentours de l’âge de 1 an ; et plus il avance dans l’âge, plus sa compréhension et aussi son expression se développe d’avantage pour exprimer ses besoins et aussi pendant ses moments de jeux. Sauf que pour les personnes autistes la plupart n’arrivent pas à développer le langage ou bien elles ont recours juste à quelques mots basiques ce qui constitue un vrai obstacle de communication. La communication est un élément essentiel dans la vie de l’être humain car il lui permet d’exprimer ses besoins, ses ressentis… Quel que soit sa forme c’est-à-dire verbale ou non verbale via des pictos ou des signes, l’essentiel est de s’exprimer pour se faire comprendre.
Les différents aspects du langage
Durant un développement neurotypique de l’enfant ce dernier développe aussi bien sa compréhension verbale et aussi non verbale comme les mimiques, les émotions, les intonations et aussi il développe son expression à partir des mots jusqu’à l’usage de la bonne syntaxe pour parler ; alors que les enfants avec TSA présentent des difficultés sur ces plans car il a un système de communication différent des personnes neurotypiques.
La compréhension
Les personnes autistes présentent différents niveaux de compréhension, leurs difficultés sont très variables d’une personne à une autre comme leur singularité dans ce spectre.
La compréhension verbale
Parfois on pense que la personne autiste a pu comprendre un message transmis oralement sauf qu’elle a pu comprendre à travers la situation par exemple on lui dit « on va prendre un peu l’air » tout en mettant les chaussures les manteaux. La personne autiste nous voit s’apprêter pour sortir donc elle comprend qu’il s’agit de sortir de la maison sauf que la compréhension dans ce cas s’est effectué à travers la situation qui lui est courante. En effet la personne autiste a beaucoup de difficultés pour comprendre les phrases assez longues, que ce soit sur le plan syntaxique complexe, mais aussi avec les formes interrogatives et surtout qui présentent un choix. D’autre part, l’usage des pronoms personnels, des adjectifs possessifs présentent dans la plupart des situations des obstacles de compréhension pour l’autiste. Et bien évidemment tout usage d’expression imagée ou implicite, l’humour, le sous-entendu… Car les personnes avec TSA ont besoin d’un contexte ; il leur faut du concret pour comprendre et bien assimiler.
La compréhension non verbale
Elle englobe tout ce qui est communication non verbale comme les expressions faciales qui transmettent une information bien claire sur l’état émotionnel de la personne ce qui est très important dans la communication ; sauf que les personnes autistes ont peu de mimiques voire même absente et qui ne sont pas adéquate avec le contexte et d’autre part elles ont du mal à comprendre certaines mimiques. Et dans le volet de la compréhension non verbale il est aussi important de parler des gestes conventionnels tel que le non, le oui, au revoir, bravo…. Ces gestes qui remplacent parfois la parole surtout quand on n’a pas la même langue que la personne avec laquelle on communique ; les personnes autistes ont du mal à déchiffrer ces gestes si on ne leur apprend pas et même parfois elles interprètent mal certains gestes, elles ont du mal à comprendre qu’avec un mouvement de la tête on peut dire oui ou non ou en claquant les mains et en faisant ce bruit on félicite quelqu’un. Aussi l’intonation, cette variation au niveau de la voix aussi constitue un élément de la communication non verbale qui est très difficile à être décrypté par une personne autiste. Les personnes autistes ont tendance à parler trop fort, ou sur un ton monotone.
L’expression
L’expression c’est la traduction symbolique du langage, on exprime nos demandes, nos ressentis, nos pensées et aussi notre imagination via la parole, les mimiques, les expressions faciales, les gestes aussi. Durant un développement neurotypique de l’enfant celui-ci passe du stade de la vocalisation face à un jouet ou une personne plaisante dès les 6 mois puis vers les 12 mois parfois un peu plus tard car ceci est très variable d’un enfant à un autre commence à surgir les premiers mots et dans la plupart des cas sont incompréhensibles et ça devient de plus en plus élaboré à l’âge de 2 ans c’est l’âge en général que l’enfant commence à faire de petites phrases et plus il grandit plus il apprend spontanément un nouveau vocabulaire pour atteindre une moyenne de 300 mots vers l’âge de 3 ans ; ensuite il commence à poser des questions, à faire des accords entre les adjectifs et les noms, à conjuguer les verbes selon le temps de son message… tout un développement spontané de la parole qui progresse avec l’évolution de l’enfant. Sauf que pour les personnes autistes les profils expressifs sont très variables, la parole n’est pas toujours existante. De plus, elle est accompagnée par des difficultés linguistiques qui sont l’écholalie, le jargon très spécifique utilisée par la personne autiste aussi l’inversion des pronoms, les stéréotypies, des difficultés à utiliser des termes qui se réfèrent à l’état émotionnel ou cognitifs comme se souvenir, penser…
Des perturbations phonologiques et lexicales
Les perturbations phonologiques concernent les problèmes d’articulation au niveau des sons qui sont la plupart du temps mal prononcé ; d’autre part la plupart des personnes autistes n’ont pas de stock de vocabulaire développé car cette compétence lexicale est parfois absente suite à leur mutisme ou juste lié à un seul domaine car leurs intérêts sont très spécifiques.
Troubles de la morphosyntaxe
La majorité des personnes autistes ont un discours incohérent où l’interlocuteur a du mal à comprendre. Mis à part les problèmes de prononciation, il y a un problème au niveau de la « morphologie » de la phrase ; c’est-à-dire les éléments de leur discours sont mal ordonnés de plus ils ont du mal à utiliser certaines notions comme les connecteurs du temps comme d’abord, enfin…
L’écholalie
L’écholalie est une répétition d’un mot ou d’un petit passage que la personne autiste a dit, entendu ou pensé. Il le répète instantanément ou bien de manière différée, à plusieurs reprises, sans pour autant qu’il y ait un message à passer.
La pragmatique
La pragmatique c’est l’usage du langage dans un contexte social, donc cette performance présente une autre difficulté pour les personnes autistes puisqu’elles ont une manière d’interagir socialement différente. D’ailleurs une personne autiste peut avoir un bon stock vocabulaire et parler sans autant interagir avec l’interlocuteur car en général ceci se passe autour d’un seul sujet qui fait partie de ses intérêts spécifiques donc pas forcément commun à la personne avec laquelle elle maintient une conversation. De plus, la personne autiste a du mal à gérer le tour de rôle au niveau de la conversation et aussi n’arrive pas à comprendre certaines notions qui peuvent donner une autre forme au message comme l’intonation, le volume de la voix… Sans autant oublier un autre élément qui est la compréhension des émotions qui est aussi présent au niveau expression car la personne autiste a du mal à les exprimer spontanément.
Donc multiples éléments qui contribuent au fait que le discours de la personne autiste paraisse plat, ou trop spécifique et même dans la plupart des situations, incompréhensible par le public neurotypique. Enfin, le langage est un élément très important dans notre vie car c’est le moyen qui véhicule nos messages, nos ressentis… Le langage n’est pas le seul outil de la communication ; La communication n’est pas uniquement la parole mais toutes formes de moyens qui peuvent transmettre un message comme les signes, les pictogrammes… l’essentiel c’est que la personne autiste ne soit pas dans l’incapacité de communiquer car ceci a des répercutions assez complexes sur sa vie, son autonomie, sa socialisation….. Toutes les personnes autistes ne présentent pas toutes ces manières de fonctionner. Et chaque personne autiste traverse des difficultés différentes en fonction de son environnement. Il faut donc leur donner le moyen le plus adaptée à leurs difficultés.
Hamdi Daas Sinda, fondatrice de familyblog, pour Pass éducation