Comment mettre en place l’IEF avec un enfant handicapé moteur ?

Comment mettre en place l’IEF avec un enfant handicapé moteur ?

École à la maison et handicap moteur font parfois la paire, par choix familial ou parce qu’il n’y a pas d’établissement adapté à proximité et/ou de moyen humain. Dans tous les cas, l’IEF est une option éducative intéressante pour les enfants avec un handicap moteur. Un handicap moteur se caractérise par des difficultés dans la coordination des mouvements musculaires ou par une mobilité réduite. Cela peut impacter significativement l’accès aux installations et aux ressources traditionnelles en milieu scolaire. L’IEF permet, quant à elle, une personnalisation poussée de l’environnement éducatif. En optant pour cette modalité d’apprentissage, les parents peuvent adapter un cadre d’enseignement sûr et confortable, qui respecte les limites physiques de l’enfant et encourage son développement académique et personnel. Petit tour d’horizon des adaptations à envisager.

Pourquoi choisir l’IEF pour un enfant avec un handicap moteur ? 

École à la maison et handicap moteur : un choix personnel… parfois par défaut

Que votre enfant soit porteur d’un handicap ou non, l’IEF peut être un choix personnel, motivé par diverses raisons. Et puis, parfois, l’école à la maison s’avère être la solution, peut-être la plus adaptée au handicap moteur de votre enfant, mais aussi celle par défaut, car :

  • même si tous les établissements scolaires sont censés avoir été mis aux normes pour accueillir des enfants en fauteuil par exemple, ce n’est pas toujours le cas : pas d’ascenseur ou celui-ci est en panne ou tous les bâtiments ne sont pas équipés, mobilier pas adapté, etc.  ;
  • même si la MDPH a notifié l’intervention d’une AESH pour votre enfant, le recrutement n’a pas été fait ;
  • le handicap moteur est parfois évolutif et/ou nécessite de nombreux soins et la scolarisation en établissement n’est que partielle, etc.

L’école à la maison peut également être un choix temporaire. Car si l’IEF présente l’avantage de pouvoir créer  un environnement éducatif sur mesure, elle nécessite un engagement et une organisation spécifique pour les parents. 

Néanmoins, pour un enfant handicapé, l’école à la maison est une alternative à la scolarisation en milieu ordinaire, dont la flexibilité est un réel atout. Cela permet d’ajuster :

  • les horaires ;
  • le rythme d’apprentissage ;
  • les méthodes pédagogiques ;
  • l’environnement matériel ;

en fonction des capacités et des besoins de l’enfant. 

Quelles sont les conséquences au quotidien d’un handicap moteur ?

Les handicaps moteurs affectent plus ou moins la mobilité et la possibilité d’une personne à effectuer des activités quotidiennes. Ils peuvent être de naissance ou acquis suite à un accident, une maladie, etc. 

  • Ils limitent plus ou moins les mouvements : difficulté ou incapacité à effectuer certains gestes, comme se plier, se tourner, ou utiliser les membres de manière coordonnée.
  • Ils peuvent nécessiter l’utilisation d’aides à la mobilité, comme un fauteuil roulant électrique ou musculaire, des béquilles, un déambulateur, une canne, etc.
  • Ils peuvent résulter d’une absence de membres supérieurs ou inférieurs, ce qui peut entraîner l’usage de prothèses pour améliorer la fonctionnalité et la mobilité.
  • Ils peuvent être liés à une réduction de la force musculaire, à une rigidité des muscles (spasticité), à une difficulté de coordination et d’équilibre, à des douleurs chroniques.

Il en résulte chez nombre de personnes porteuses d’un handicap moteur, une fatigabilité plus grande lors d’activités qui demandent un effort physique soutenu.

Ces manifestations varient grandement d’une personne à l’autre. Elles peuvent nécessiter différentes adaptations dans leur environnement personnel et éducatif pour faciliter les déplacements et améliorer la qualité de vie. 

Quels sont les aménagements matériels nécessaires pour combiner école à la maison et handicap moteur ?

Lorsque l’on choisit l’instruction en famille pour un enfant avec un handicap moteur, l’aménagement de l’espace de travail à domicile est bien sûr essentiel : quelles modifications ergonomiques faciliteront l’apprentissage et l’autonomie de l’enfant ? 

Un mobilier et un espace adaptés

Du mobilier, tel que des bureaux et des chaises réglables en hauteur, permet d’ajuster l’espace selon les besoins spécifiques de l’enfant. Ces meubles favorisent ainsi une posture adéquate et réduisent la fatigue corporelle. Le bureau peut accueillir le passage d’un fauteuil et s’incliner pour faciliter l’écriture. 

Par ailleurs, les chemins d’accès à l’espace de travail (mais pas seulement) doivent être dégagés et suffisamment larges pour permettre la circulation aisée d’un fauteuil roulant, si nécessaire.

Les assistances technologiques

Un ordinateur adapté, équipé de logiciels spécialisés, peut grandement aider les enfants qui vivent avec des limitations motrices. Par exemple, des logiciels de reconnaissance vocale vont soutenir les enfants qui ont des difficultés à utiliser un clavier traditionnel.

Les écrans tactiles, les souris adaptatives, et les claviers spéciaux conçus pour un usage avec une seule main ou avec des mouvements limités sont également à envisager selon le type de handicap.

Les aides peuvent aussi être mécaniques comme les bras articulés pour soutenir les tablettes ou les livres. Ce matériel contribue à réduire la nécessité de mouvements, difficiles ou fatigants pour l’enfant. 

Les professionnels de santé qui accompagnent votre enfant dans son développement sauront vous conseiller les équipements spécifiques adéquats. Vous pouvez par ailleurs solliciter l’intervention d’un·e ergothérapeute.

Quelles sont les approches pédagogiques adaptées pour un enfant porteur d’un handicap moteur ?

En IEF, il sera possible de personnaliser l’approche pédagogique aux capacités physiques et à la fatigabilité de votre enfant, ce qui n’est pas toujours aisé à l’école.

Ce qu’un enfant apprend en 6 heures de classe, ne nécessite pas un temps aussi long lorsqu’il s’agit d’école à la maison. Par ailleurs, les apprentissages peuvent se faire de façon plus ou moins formelle. 

Aujourd’hui, le numérique éducatif offre de nombreuses opportunités pour adapter les méthodes d’enseignement aux besoins spécifiques des enfants avec des limitations motrices. Au-delà des équipements informatiques, ce sont aussi les applications du numérique qui vont pouvoir être d’un grand soutien dans les apprentissages :

  • le visionnage de vidéos, comme celles de la famille Pass’temps pour l’histoire, permet de découvrir et comprendre des concepts ;
  • les jeux interactifs, quiz et exercices variés, pour s’entraîner et valider la compréhension, peuvent parfois être réalisés avec l’aide de la saisie vocale ou d’une commande par joystick ;
  • les visios avec des professeurs pour progresser en anglais ou dans toute autre langue étrangère, etc.

Les intelligences artificielles ouvrent aussi un champ de possibles pour créer et laisser libre cours à l’imagination, même si l’enfant ne peut utiliser correctement ses membres supérieurs. 

Avoir un enfant porteur d’un handicap moteur, c’est aussi, au quotidien, sortir des schémas traditionnels, ne se fermer aucune possibilité, sortir du cadre pour proposer des expériences adaptées. Certains artistes ne se sont-ils pas mis à peindre en tenant le pinceau avec un pied ou la bouche ?

Comment éviter l’isolement social d’un enfant handicapé moteur instruit en famille ? 

L’inclusion scolaire est notamment plébiscitée pour éviter que l’enfant handicapé ne se sente exclu et isolé. Et c’est souvent un des aspects reproché, à tort, à l’IEF. 

Or, instruire un enfant en famille, qui plus est handicapé, n’est pas synonyme d’exclusion. De nombreuses occasions permettent de soutenir la socialisation de l’enfant, ses interactions avec ses pairs, porteurs de handicap ou non. 

  • Les activités extrascolaires bien sûr : sorties régulières à la bibliothèque pour faire le plein de livres, mais aussi participer aux animations régulièrement organisées dans ces lieux ; activités artistiques ou sportives adaptées aux enfants avec handicap ou permettant l’inclusion, etc.
  • Les sorties organisées par des familles en IEF : visite de musées, d’exposition, de monuments, sortie nature…
  • Rencontre avec d’autres enfants porteurs de handicap, car cela peut aussi faire du bien, autant à l’enfant qu’aux parents, d’échanger avec des familles confrontées à des défis du quotidien similaires aux siens.

Les forums, les groupes Facebook dédiés aux parents d’enfants handicapés, et les associations locales offrent un espace de rencontre et d’échange pour partager des expériences et des conseils. Si ce sujet de l’instruction en famille et du handicap moteur vous concerne, n’hésitez pas à témoigner sur notre page Facebook ou notre compte instagram.

Elsa Boulet, du blog Mes Petits Curieux pour Pass-education