Et l’évaluation dans tout ça ?
Le choix de l’IEF (Instruction En Famille) n’a pas pour conséquence l’absence d’évaluation. Parce que ce mode d’instruction met bien souvent de côté les notes ou les points de couleur, on a tendance à croire que le travail des enfants n’est pas contrôlé lors de l’école à la maison. Et pourtant, c’est loin d’être le cas !
Des évaluations variées
Il existe de nombreuses façons d’évaluer. Quelle que soit leur type ou leur forme, les contrôles de connaissances et de compétences conduisent la plupart du temps, dans notre système scolaire, à l’attribution de notes – de couleurs, de niveaux de maîtrise, de smileys. Ainsi, en attribuant une valeur, chiffrée ou colorée, on occulte leur diversité, la finalité étant la même aux yeux du destinataire de la copie corrigée. Pourtant, les méthodes utilisées pour porter un jugement sur le travail d’un apprenant sont très variées.
En fonction de l’objectif retenu et du moment auquel est pratiquée l’évaluation dans les apprentissages, elle peut être de type différent. Les trois principaux modèles, et ceux qui intéresseront plus particulièrement les familles en IEF, sont les suivants :
- L’évaluation diagnostique, réalisée avant la séquence d’apprentissages, dresse un état des lieux des connaissances et des compétences. Elle permet de mieux connaître les besoins de l’enfant et d’ajuster les objectifs à acquérir en conséquence ;
- L’évaluation formative, effectuée au cours de la séquence, elle examine les progrès au regard des objectifs visés. Faut-il revoir ? approfondir ? Elle permet de remédier aux difficultés rencontrées sans attendre ;
- L’évaluation sommative, en fin de séquence ou de période, vérifie la somme des connaissances et compétences acquises par l’enfant au regard des objectifs de départ.
Quelle que soit la formule choisie, chacune peut être pratiquée de manière écrite ou orale, et de façon formelle, l’enfant sait qu’il est interrogé dans le but d’être évalué, ou informelle, l’enfant ne se doute pas que le questionnement a pour objectif de mesurer ses progrès. Les termes même d’évaluation, de contrôle, d’interrogation, pouvant paralyser certains enfants, il peut être utile de réaliser une interrogation à l’oral, comme ça, l’air de rien, en évitant simplement de préciser le but du questionnement dès le départ. Par la suite, il est intéressant de faire prendre conscience à l’enfant angoissé, qu’il vient de réussir le test sans s’en rendre compte. C’est efficace pour dédramatiser, insensiblement, le rapport qu’il peut avoir avec une situation d’évaluation.
Pourquoi évaluer ?
La vérification des savoirs et des savoir-faire est essentielle. Elle permet d’observer les progrès, d’estimer les difficultés, de mettre en place des stratégies d’apprentissages qui correspondent à l’élève après avoir analysé sa façon de travailler. Comparer une évaluation sommative et une évaluation diagnostique, au contenu en partie identique, est riche de sens pour un apprenant : il se rend compte immédiatement de son évolution ! Il peut alors dire avec certitude qu’il progresse, même si tout n’est pas parfait, peut-être. C’est très motivant et c’est bon pour la confiance en soi.
L’évaluation formative est un indicateur pour le parent accompagnateur qui lui permet d‘ajuster les objectifs visés et les moyens d’y parvenir, afin de ne pas décourager ses bambins en fixant une barre trop haute. Elle se fait très souvent de manière informelle avec un regard jeté par dessus l’épaule de l’écolier à des fins de vérification et d’ajustement :
Attention à cette phrase !
Es-tu sur de ton calcul ?
Tu ne te rappelles plus la règle ? Dans ce cas-là, on va reprendre.
Tu ne comprends pas l’exercice ? La consigne est trop complexe ?
L’évaluation formative gagne à devenir plus formelle. Ne pas hésiter à donner le même exercice plusieurs fois, à intervalles réguliers, tout en explicitant la démarche. Du côté de l’enfant, cela l’apprend à persévérer, recommencer pour atteindre un niveau plus élevé, à se perfectionner. Il devient un apprenti. C’est à force de forger, que l’on devient forgeron ! L’apprentissage passe aussi par la répétition.
L’auto-évaluation est intéressante à pratiquer également. Cela permet de mieux apprécier le regard que l’enfant porte sur son travail et sur lui-même. On repère plus souvent un manque d’estime de soi qu’une absence d’humilité ! Revoir avec lui sa propre façon de se juger en dit long au parent accompagnateur. Comprendre son analyse personnelle à travers la discussion peut permettre de détecter des points de blocage que l’on peut être surpris de découvrir : peur de mal faire, de décevoir, incertitude, précipitation, manque de concentration…
De manière générale, l’évaluation permet de savoir où on en est, aussi bien pour l’apprenant que pour l’accompagnant. D’ailleurs, Pass éducation propose dans ses packs IEF des évaluations toutes les 6 semaines. Mais c’est plus qu’un simple indicateur, les contrôles ne prennent tout leur sens que lorsqu’ils sont retravaillés, les erreurs corrigées devenant le point de départ de nouveaux apprentissages.
Vers l’obtention de diplômes
Même lorsque l’on privilégie le unschooling, il peut être utile de temps en temps de prévoir une interrogation formelle, ne serait-ce que pour habituer l’enfant à travailler dans une situation qui n’est pas des plus confortables. On augmentera la durée et la fréquence de ces séances d’interrogations écrites et orales en fonction de l’âge, du niveau scolaire de l’enfant et des objectifs visés en terme de diplômes ou concours.
Car, qui aime s’asseoir à une table en sachant que tout ce qu’il dira, que tout ce qu’il écrira, sera jugé ? Personne ! C’est une situation angoissante à laquelle l’enfant doit être préparé pour son avenir. Pour des examens ou des concours certes, mais aussi pour un entretien d’embauche, pour aller à la recherche de clients. Si la pratique de l’évaluation est naturelle, si elle est corrigée avec l’enfant, si elle ne fait pas de l’erreur un obstacle mais un point de départ pour les nouveaux apprentissages, si elle est bienveillante en somme, alors nos enfants iront sereinement passer tous leurs examens car ils seront prêts, tout simplement.
Carine Poirier, auteure et cofondatrice de parenthesenomade.fr, pour Pass éducation