Faire face aux difficultés d’apprentissage en IEF (Instruction En Famille)

Distinguer troubles et difficultés d’apprentissage

Dans cet article, nous ne développerons pas sur les troubles, mais bien sur les difficultés d’apprentissage, que l’on retrouve de manière relativement courante dans le quotidien des familles IEF. Quoiqu’il en soit, ni les troubles ni les difficultés d’apprentissage ne sont à prendre à la légère. Dans les deux cas, ils sont indicatifs d’une souffrance de l’enfant, qu’elle relève de la simple fatigue, du stress, ou d’une souffrance : ychologique plus grave. Les troubles comme les difficultés doivent être pris en compte par les adultes qui accompagnent l’enfant, et clairement identifiés afin qu’une solution adaptée soit rapidement mise en place.

Les troubles d’apprentissage (aussi appelés « troubles spécifiques des apprentissages ») sont des troubles d’origine neurologique qui ont un caractère permanent. Il s’agit d’un dysfonctionnement au niveau cérébral. Ces troubles n’impactent pas que les apprentissages, mais aussi la vie sociale et, le cas échéant, la vie professionnelle de la personne concernée. Ils ne sont en aucun cas liés à l’intelligence des individus. Ils doivent faire l’objet d’une adaptation extérieure – ce qui implique un diagnostic du trouble et sa reconnaissance dans sa spécificité. 

Les difficultés d’apprentissage ont au contraire des origines multiples, le plus souvent ponctuelles, et qui sont liées au contexte des apprentissages et de la vie de la famille de l’enfant concerné. Afin de ne créer aucune confusion, soulignons que les troubles d’apprentissage regroupent :

  • Dyslexie
  • Dysorthographie
  • Dysphasie
  • Dyspraxie
  • Déficit d’attention (avec ou sans hyperactivité)
  • Dyscalculie
  • Troubles de la mémoire
  • Syndrôme dysexécutif

Par ailleurs, si votre enfant fait l’objet de :

  • Difficultés au niveau de l’habileté à lire
  • Difficultés au niveau de l’habileté à écrire
  • Difficultés au niveau de l’habileté à communiquer oralement
  • Difficultés au niveau de la conceptualisation ou du raisonnement

Qui ne passent pas avec le temps ou bien avec des changements de méthodes, il conviendra de s’interroger et de mettre en place une recherche orientant vers tel ou tel trouble neurologique. En pratique, les troubles d’apprentissage ne concernent qu’un faible pourcentage de la population, alors que tous les élèves, en IEF ou pas, rencontrent des difficultés d’apprentissage à un moment ou à un autre, souvent même à plusieurs reprises durant le temps que dure leur instruction.

Les difficultés d’apprentissage

Comme nous venons de le voir, elles sont très variées, ponctuelles, et liées à l’environnement direct de l’enfant qui les vit. On les trouve souvent sous la dénomination « difficultés « ordinaires » d’apprentissage ». Une adaptation est là aussi nécessaire, qui donne généralement des résultats positifs assez rapidement – pratiquement dès lors que le changement est mis en place. Nous allons ici lister les principales difficultés que vous pourrez rencontrer en IEF, liées aux apprentissages.

  • Le passage à vide – nous avons tous à faire face à ces moments où tout est moins motivant, où on n’a pas envie, où on souhaite passer à autre chose – les enfants ne sont pas exempts de cette rythmique des processus mentaux. De plus, n’oublions pas que les enfants vivent à leur manière, dans leur perception intérieure, ce qui fait notre vie d’adulte : séparation, colère, tristesse, stress, etc. Chez un enfant en IEF, cela peut se manifester par des difficultés à rester concentré, des problèmes pour assimiler, un manque de motivation, de la mauvaise humeur, voire un refus catégorique de travailler. Lorsque cela arrive, pas de panique ! cela n’induit pas une remise en cause totale de votre IEF, c’est un signal d’alarme qu’il convient d’entendre et d’écouter : il est temps de faire une pause, tout simplement. Ça peut durer 3 jours, comme ça peut durer 3 mois – cela dépendra de votre enfant, et de vous. Pour autant, pas de panique : c’est le bon moment pour vous plonger dans la lecture de livres sur le unschooling ou le visionnage de vidéos sur les apprentissages autonomes. En outre, rassurez-vous : l’enfant qui aura pu se reposer et remplir ses besoins divers (sérénité sur sa situation familiale, activités motrices et en extérieur, notamment) sera disposé à revenir à des apprentissages plus formels – si tel est votre choix de mode d’instruction.
  • Ok mais … et si l’enfant n’a JAMAIS envie de s’y mettre ? – il peut y avoir de multiples raisons à ce refus, qui vont du mal-être général évoqué ci-dessus, au désintérêt global pour les apprentissages (fréquent chez les enfants ayant subi des traumatismes à des degrés divers en milieu scolaire). Dans ce genre de cas, il ne faut surtout pas forcer l’apprentissage – il est primordial de commencer par réveiller l’intérêt. Un enfant, quel que soit son âge, garde toujours en lui un minimum de curiosité (même les adultes en fait). Il y a forcément quelque chose qui intéresse votre enfant (à moins qu’il ne souffre d’une grave dépression, auquel cas il faudra consulter). Prenez le temps de passer du temps avec lui, adapter son environnement, ouvrez-le au monde : c’est en multipliant les expériences et les rencontres que vous découvrirez (vous, comme lui) ce qui le fait vibrer, et qui réveillera en lui l’envie d’apprendre.
  • Ok mais (bis) … ce qu’il aime n’a strictement rien à voir avec les attendus du socle commun ! Et bien … pas de panique ! la bonne nouvelle, c’est qu’il existe un nombre quand même assez conséquent de pédagogies alternatives et de modes d’instruction différents, qui sont là pour justement permettre à votre enfant d’apprendre, sans en avoir l’air – et même souvent, bien mieux en fait que l’école traditionnelle. Il n’aime pas les maths, mais il est capable de construire une cabane en forêt – il a donc à la fois des capacités en calcul, en mesure, en géométrie et en aménagement de l’espace – et hop, le tour est joué. Et oui, ceci est un exemple parmi tant d’autres.
  • La peur liée à l’inspection – le stress lié au contrôle pédagogique est un problème récurrent pour les familles en IEF, il peut se révéler très envahissant, et bloquer les apprentissages. Relax ! nous sommes nombreux à être passés par là. Le 1er conseil je dirais, est de ne pas vous laisser influencer par les témoignages affolants que l’on trouve sur les réseaux sociaux. Dans la majorité des cas, ça se passe bien, et les injonctions de scolarisation restent rares. Si vous vous êtes investis dans l’IEF, c’est probablement quand même qu’il y a une forte motivation derrière, donc vous vous donnez les moyens de faire la chose correctement. Vous trouverez dans cet article les modalités du contrôle pédagogique. Vous pouvez aussi vous rapprocher des groupes régionaux ou départementaux, afin d’échanger avec d’autres parents concernés, et de désacraliser la chose, ensemble.
  • Le manque de confiance en soi – lorsque l’on travaille seul ou en petit comité, il peut être difficile de s’auto-évaluer et de positionner son niveau de compétence et de savoir. En IEF précisément, on cherche souvent à s’éloigner du système de compétitivité mis en place en collectivité. Il existe tout un éventail de solutions pour permettre à un enfant de prendre confiance en lui-même et de rebooster son estime de soi, sans se confronter à d’autres. Il y a de nombreuses ressources facilement trouvables sur le net ; vous pouvez aussi miser sur les rencontres avec d’autres familles IEF, afin de briser le risque de solitude.
  • L’année est déjà bien avancée, et mon enfant ne sait toujours pas lire/écrire/compter jusqu’à dix/faire une phrase en anglais, etc, etc. – là encore, relax ! souvenez-vous que chaque enfant évolue à son propre rythme, encore plus en IEF où on se destine, par le choix-même de l’instruction, à respecter l’enfant plus qu’en milieu collectif. De plus, un des avantages de l’IEF est de pouvoir choisir les méthodes et /ou manuels qui vous conviennent le mieux, à votre enfant et à vous. Si vous avez opté pour quelque chose que vous n’aimez ni l’un ni l’autre, forcément ça ne passera pas. N’hésitez pas à changer, à tester autre chose. Ne vous laissez pas influencer par les avis lus ou entendus ici et là – ce qui est bon pour le voisin ne l’est pas forcément pour vous, et vice versa. Si l’investissement financier vous fait peur, préférez des livres ou méthodes disponibles à l’emprunt ou en achat d’occasion, de façon à ce que la composante argent n’entre pas dans vos choix et ne devienne ainsi préjudiciable à votre enfant.

Anne-Catherine Proutière, fondatrice du blog « Pédagogies alternatives en liberté », pour Pass éducation