Interview de Gwendoline – Une famille de 5 enfants – 3 ème année d’IEF pour Nino :
- Morgan 16 ans et demi
- Nino 10 ans
- Gabin 5 ans
- Eliho 2 ans et demi
- Neleana 4 mois
Pourquoi avoir choisi une scolarisation pour Morgan et l’IEF (Instruction En Famille) pour Nino ?
L’aîné, Morgan 16 ans et demi, a toujours été scolarisé. Il a 14 ans quand ses parents lui proposent l’Instruction En Famille, mais il souhaite rester à l’école car il y retrouve ses amis. Bien qu’il soit fréquemment puni et collé au lycée, la vie sociale liée à la scolarité lui plait. Il sèche les cours et ses parents reçoivent des menaces du lycée, ce qui les contraint à lui poser un ultimatum : le lycée ou la déscolarisation. Morgan choisit de rester à l’école pour ses amis, mais il s’ennuie durant les cours. Il entre ensuite chez les Compagnons du devoir pour devenir électricien. Actuellement il s’éclate, a du travail et une paie.
Nino, 10 ans, est en IEF. Il est déscolarisé en début de : , à l’âge de 6 ans. Testé haut potentiel, en : tout le programme est acquis pour lui. L’institutrice ne sait plus comment l’occuper dans une classe avec un gros effectif. En : , l’enseignante n’est pas à l’écoute. Nino finit avant les autres et bavarde. Son institutrice lui fait conjuguer des verbes, le prive de récréation. Nino est angoissé et ressent un fort sentiment d’injustice. Il ne voit pas de cohérence entre ses intérêts et ce qu’il apprend à l’école. Gwendoline profite de son congé maternité pour chercher des solutions car Nino est en souffrance à l’école : Elle découvre l’IEF. Nino est donc déscolarisé en urgence. Il change rapidement, va vers les autres, fait du basket où il retrouve des copains. Il peut profiter avec ses parents du gros réseau IEF du Nord Pas de Calais pour participer à de nombreuses sorties. Son rythme naturel peut être pris en compte et respecté. Il est beaucoup plus en forme en se couchant tard et en se levant tard, alors qu’avec les horaires de l’école il était sans cesse fatigué. Pendant les deux années qui suivent, il rejette tout ce qui touche au scolaire.
Comment se passent les inspections ?
Lors du premier contrôle, Gwendoline note toutes les sorties dans le rapport d’activités. Elle ne tient pas compte du niveau scolaire correspondant à l’âge de Nino, et préfère suivre ce qui intéresse son fils. De cette façon, il retient tout. L’inspecteur est super. Il ne juge pas une pédagogie, mais vient voir si Nino est instruit et s’il bénéficie d’une vie sociale.
Quels sont vos supports d’apprentissage ?
Depuis cette année, Gwendoline et Nino ont introduit du formel dans toutes les matières. Ils jouent le jeu, laissent des traces pour être tranquilles lors des inspections. Nino travaille tous les matins quatre matières, pendant environ 20 minutes chacune. Il accroche bien avec la méthode des frères Lyons pour les mathématiques. Il apprécie les manipulations et les constructions. Il passe ensuite à la méthode Singapour qui nécessite des cahiers (donc laisse des traces en vue des inspections). Il utilise la méthode Dumont en graphisme. Nino n’a pas écrit pendant ses deux années de rejet du scolaire, il a donc un peu oublié. Il reproduit des formes pour réhabituer son poignet. A l’âge de 6 ans, il participe à l’aventure magique Epopia. Il s’agit d’histoires personnalisées, reçues par courrier, dont l’enfant est le héros. Ce concept l’incite à lire et à écrire, ce qu’il fait avec plaisir. Nino étant intéressé par la politique, la famille passe une semaine à Bruxelles, visite des monuments dont le parlement européen. Il utilise également internet comme support d’apprentissage, entre autres le site « double casquette » qui propose gratuitement un programme de français sous forme de fiches (une fiche par jour avec un texte et des questions). La méthode « multimalin » lui permet d’acquérir des techniques de mémorisation, grâce à des images mentales. Pour l’histoire et la géographie il utilise un manuel, mais la famille envisage des visites sur site plus fréquentes, ce qui rend l’apprentissage plus ludique et intéressant. Nino crée des lapbooks qui permettent de développer une notion ou un thème, sur une double page, de manière créative et personnalisée. Il a également accès à de nombreuses vidéos pédagogiques.
L’IEF est-elle envisagée pour Gabin également ?
Oui ! Gabin a 5 ans et demande à faire pareil que son frère Nino. Il fabrique un lapbook sur les dinosaures, participe à des ateliers sur les émotions, apprend les chiffres sur un cahier Montessori… Gwendoline le suit également dans ses apprentissages, en fonction de ce qui l’attire. Elle n’insiste pas lorsqu’il ne montre pas d’intérêt pour une activité. Par exemple, Gabin commence maintenant à savoir écrire son prénom, mais connaît 50 espèces d’animaux marins, c’est une passion ! … et l’occasion de parler biologie. Gwendoline précise que si Gabin avait été scolarisé, il n’aurait pas eu l’opportunité de vivre cette passion à l’école, ni en dehors de l’école, car elle n’aurait pas eu suffisamment de temps avec lui pour l’accompagner. D’ici peu de temps, Gwendoline et Maxime auront 3 enfants en IEF, 3 niveaux à gérer, ce qui provoque remises en question et réflexions. Ils envisagent de faire intervenir des tierces personnes pour l’anglais par exemple, et de déléguer pour certaines matières quand ils en ressentiront le besoin. Ils gardent également la possibilité de scolariser Nino dans une école alternative.
Comment a réagi votre entourage amical et familial à l’annonce de l’IEF ?
Leurs amis posent des questions, mais voyant que Nino va bien, ils s’abstiennent de juger. Quand ils ont eu leurs enfants, Gwendoline et Maxime se sont éloignés de certains amis utilisant des VEO (Violences Educatives Ordinaires) et n’étant pas bienveillants. Ils côtoient ensuite des familles IEF. La famille de Gwendoline les prend pour des « hippies modernes ». Ils ne comprennent pas, pensent que Gwendoline et Maxime font fausse route, que ce n’est pas juste pour les enfants. Ils ne les pensent pas capables. Gwendoline soupçonne de la jalousie. Sa maman serait plutôt pour selon elle, mais l’instruction non formelle ne passe pas du tout. Inquiète, elle offre des livres pédagogiques à Gabin pour son anniversaire. La famille de Maxime ne pensait pas que c’était possible. Elle ne semble pas en accord avec ce choix, mais s’exprime très peu sur le sujet car voit que Gabin évolue bien.
Voyez-vous des aspects négatifs, des difficultés dans l’IEF ?
Gwendoline exprime un manque de temps pour le couple. Ils sont H24 avec les enfants, et s’il y a du temps pour souffler, c’est juste pour l’un d’entre eux, car l’autre s’occupe des enfants. Nino se couche tard, mais ses parents se sont cependant organisés pour passer 4 soirées par semaine tous les 2.
Est-ce que vous auriez des conseils à donner à des familles désirant se lancer dans l’aventure de l’IEF ?
- Contacter des familles qui pratiquent l’IEF pour discuter.
- Garder à l’esprit qu’il y a d’autres alternatives que « l’école classique ». Rien n’est inscrit, il existe de nombreuses façons d’instruire.
- S’écouter et essayer ! Si ça ne convient pas, il est toujours possible de rescolariser l’enfant.
- Se renseigner. Il s’agissait d’une situation d’urgence dans le cas de Nino, mais ses parents ont pris ce temps.
- Les erreurs servent à apprendre et permettent de rebondir. La réadaptation est constante, rien n’est défini. Cela demande un gros lâcher prise.
- Faire confiance à l’enfant qui est naturellement fait pour apprendre, lui offrir un environnement riche éveillant sa curiosité. Se promener, voir des gens, vivre !
Si vous deviez choisir un mot pour évoquer l’IEF, lequel choisiriez-vous ?
« Liberté ! »
Vous avez un groupe Yahoo à partager ?
Il s’appelle « ch’ti no sco ». On y accède via une adresse Yahoo mail. Il y a un gros groupe de familles IEF et toutes les sorties sont organisées à partir de cette boîte mail.
Un grand merci à Gwendoline qui m’a accordé du temps pour partager son expérience de l’IEF, et en faire bénéficier de nombreuses familles en recherche d’informations et de conseils.
Florence P, pour Pass éducation