Julie et Philippe, mélange d’informel et de formel, avec deux enfants – Expérience IEF

Julie et Philippe sont parents de Léo 7 ans, et Nathan 2 ans et demi.

Pourquoi avoir choisi l’IEF (Instruction En Famille) ?

La question s’est posée quand Léo avait 2 ans et demi. Ses parents ont imaginé le déroulement de la rentrée scolaire, sachant que Léo n’était pas sociable et facilement anxieux. Ils envisageaient de le scolariser 4 matinées par semaine. La rentrée approchant, les interrogations persistaient. Ils avaient du mal à concevoir une adaptation pour Léo, qui devrait subir une grosse rupture avec ses habitudes de la maison. De plus, il ne manifestait pas d’intérêt pour l’école, bien qu’accompagnant quotidiennement son assistante maternelle dans ses allers retours à l’école, pour les autres enfants qu’elle gardait. Face à ses incohérences, Julie et Philippe se sont tournés vers les écoles alternatives et l’IEF. A 5 ans, Léo a fréquenté une école alternative démocratique environ 2 jours par semaine sur 4 mois. Il s’y sentait bien. Puis l’école a fermé. Julie, Philippe et Léo suivent un projet d’ouverture d’école démocratique assez loin de chez eux, à environ 1 heure de route. Ils envisagent une scolarisation 1 jour par semaine. Ils assimilent l’école démocratique à une non sco dans un cadre communautaire. Elle répond selon eux à tous les besoins et représente donc un idéal. Après cet épisode, Léo demande à aller à l’école pour les copains. Ses parents essaient alors de lui décrire une journée type dans une école classique, en espérant que Léo n’ait pas envie d’y goûter : Ecouter, rester assis, ne jouer qu’aux récréations… Julie assume son discours un peu orienté, mais elle tient à ce que Léo sache exactement à quoi s’attendre. Elle aurait cependant accepté le choix de Léo s’il avait une préférence pour l’école. Mais il n’a plus redemandé. La discussion reste cependant ouverte.

Comment se déroule l’instruction ? Y a t’il une journée type ?

Les 2 parents ne sont pas d’accord sur le type d’instruction à donner à leur fils. Ils ont choisi de faire de cette divergence d’opinion une richesse : Julie s’occupe de la partie informelle et Philippe du côté formel. Ils se rejoignent cependant sur l’aspect motivation : si Léo a envie d’apprendre, ils lui en donnent l’occasion ; s’il n’est pas motivé, ils n’insistent pas. En ce moment par exemple, l’écriture demande beaucoup d’efforts à Léo, son temps de concentration est donc court. Ses parents ne le forcent pas, sachant que la motivation viendra plus tard et que l’apprentissage se fera naturellement avec peu d’effort.
Léo travaille avec son papa qui est disponible les soirs à partir du mercredi. Ils passent environ 1h – 1h30 ensemble, 3 à 4 jours par semaine : écriture, lectures, jeux pédagogiques sur table ou sur internet, activités Montessori. Philippe adapte ses activités extérieures à la vie de famille. Léo et sa maman utilisent les différentes activités quotidiennes comme support d’apprentissage. Julie veille à toujours garder l’aspect ludique.

Léo participe t’il a des activités en dehors de la famille ?

Il suit des cours d’anglais 2 heures par semaine, et participe à un atelier cirque une après-midi par semaine.
Julie et ses enfants vont au square aux heures de pointe afin d’y faire des rencontres. Les lundis et les mardis sont dédiés aux rencontres non sco, ce qui les incite soit à inviter, soit à bouger pour aller chez des copains. Les contacts sociaux ne sont pas assez fréquents au goût de Julie. Elle explique que ce n’est pas toujours simple car chacun a son organisation, ses activités… Léo n’est pas en demande, mais Julie souhaite qu’il ait l’opportunité de rencontrer d’autres personnes, pour une plus grande richesse, car elle est consciente que le cercle familial a ses limites.

Quels sont les aspects positifs de l’IEF ?

Léo est libre, acteur de ses apprentissages. Ses parents lui permettent de choisir. Il peut respecter son rythme. Il n’y a pas de contraintes horaires donc pas d’obligation de se presser le matin pour se lever, déjeuner, s’habiller… Ce n’est pas l’Etat qui décide de ce que Léo doit apprendre. Il a la possibilité d’approfondir certains sujets en particulier, en fonction de ses intérêts. Il a donc énormément de plaisir à apprendre.

Quelles sont les difficultés rencontrées ?

Le soucis principal est lié au milieu rural : les familles non sco sont éparpillées, il est donc plus difficile de faire des rencontres. Il n’y a pas autant de propositions d’activités que dans les villes, et pour chaque activité, le trajet est long. La famille envisage de passer une journée en ville de temps en temps. Mise à part cet inconvénient, il ne s’agit pas tant de difficultés que d’une organisation à mettre en place au quotidien. L’IEF demande un gros investissement de la part des parents, en temps notamment. Certaines phases sont plus compliquées, mais la famille s’organise pour que chacun puisse prendre du temps pour lui. Tous font preuve d’une grosse capacité d’adaptation. Ensemble ils revoient régulièrement l’organisation afin de respecter les besoins de chacun. A l’arrivée du deuxième enfant, il devenait compliqué de continuer les rencontres et de consacrer autant de temps à Léo, tout en s’occupant de son petit frère. La famille a donc modifié ses habitudes, s’est adapté à l’évolution des besoins de chacun et trouvé un nouvel équilibre.

Comment s’est passée l’inspection ?

Julie, Philippe et Léo ont été contrôlés pour la première fois au mois de juillet 2018. Philippe a bien vécu cette inspection, mais Julie a eu un mauvais ressenti, notamment avec la ychologue. Elle a trouvé son attitude et sa posture inadaptées en terme de relation. Elle n’a pas tenu compte du stress de Léo et n’était pas aidante. De plus, elle paraissait vexée de ne pas avoir les connaissances de Léo dans certains domaines. Avec le recul, Julie peut dire que l’inspecteur était relativement pédagogue, a fait preuve d’adaptation avec Léo et s’est montré attentif. Néanmoins, sa posture d’enseignant ne lui a pas plu. Il ne prenait pas en compte la fatigue de Léo, et les difficultés qu’il rencontrait. Il a voulu le pousser un peu, négligeant ses signes d’anxiété. Philippe est intervenu pour aider son fils qui ne saisissait pas la formulation d’une question. Malgré tout, Léo était plutôt content de cette inspection, ce qui a atténué les aspects négatifs ressentis par Julie. Il était tout de même fatigué après 50 minutes intensives de tests qui lui ont demandé beaucoup de concentration. Il garde un bon souvenir du contact avec l’inspecteur, un peu théâtral. Sur le fond, Julie et Philippe ne sont pas inquiets car Léo est en avance, sauf pour l’écriture, qui fera l’objet d’une attention particulière au prochain contrôle.

Est-ce que vous auriez des conseils à donner à des familles désirant se lancer dans l’aventure de l’IEF ?

  • S’informer, rencontrer des familles qui pratiquent l’IEF afin d’avoir un aperçu des différentes façons d’instruire en famille.
  • Ne pas oublier que l’instruction n’est obligatoire qu’à partir de 6 ans*, on ne peut donc pas être inquiété avant.

Si vous deviez choisir un mot pour évoquer l’IEF lequel choisiriez-vous ?

« Liberté »

Un grand merci à Julie d’avoir partagé son expérience de l’IEF.

*A ce jour, le texte de loi mentionnant une obligation d’instruction à partir de 3 ans n’est pas encore validé.

Florence P, pour Pass éducation