Être responsable de l’instruction de mes enfants fait peser sur mes petites épaules, de grandes responsabilités. C’est pourquoi, je suis toujours à l’affût de conseils sur la meilleure façon d’enseigner. En la matière, il y a de quoi de faire, j’ai l’impression que c’est un puit sans fond. Pédagogie Montessori, Freinet ou Mason, instruction inversée et j’en passe. L’avantage de ces nombreuses façons d’aborder l’apprentissage est que vous allez forcément en trouver une qui vous conviendra. Aujourd’hui, je vais vous parler de la méthode des frères Lyons dont je n’avais, jusque-là, jamais entendu parler. On connaissait les frères Lumière et les frères Montgolfier, mais la fratrie Lyons, inconnue au bataillon. Pourtant, elle est très répandue au Canada où 40 % des primaires l’utilisent. On la retrouve aussi dans les établissements scolaires de Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et du Québec. À la base, elle a été pensée pour s’adapter aux enfants instruits à la maison. Ses fondateurs Robert et Michel (didacticien spécialisé dans l’orthopédagogie) ont été dépassés par leur succès.
Une idée de génie
Comment nos ancêtres sont-ils parvenus à mettre en place les mathématiques ? Par quel cheminement analytique sont-ils passés pour élaborer et retranscrire des calculs ?
La logique n’est pas innée. Elle est la résultante d’un ensemble de connaissances cumulées par nos prédécesseurs et transmises de génération en génération. Tout a débuté par des hypothèses qu’il a fallu vérifier plusieurs fois. On est passé par des phases de tests et d’échecs, sans jamais baisser les bras. Lorsqu’un essai a abouti à une grande découverte, elle a engendré de nouveaux questionnements qu’il a fallu démontrer, etc. Tout ce procédé n’est pas sans rappeler l’évolution du nouveau-né. Tous ses sens sont en éveil. Il cherche à comprendre le monde qui l’entoure. Il observe, il touche, il sent, il goûte et il expérimente. Il tombe, se relève et recommence. Ses échecs n’entament jamais sa détermination. Et voyez la rapidité avec laquelle il apprend. Quel émerveillement de le voir évoluer si vite ! Les frères Lyons se sont inspirés de ces deux développements archaïques, pour élaborer une méthode d’enseignement des mathématiques adaptable à chaque individu. Pour eux, la pensée commune est contre nature. Il faut arrêter d’imposer une logique universelle. Il est impératif de laisser chaque élève mettre en place sa propre réflexion, elle-même tirée de ses propres expériences. Après tout, tous les chemins mènent à Rome. Chacun est libre de prendre la voie qui lui semble la plus aisée. C’est pourquoi la pédagogie a été avant tout appliquée hors de l’enseignement public, lieu traditionnel et emblématique du raisonnement imposé.
Il y a comme un air de Montessori
Les écoliers d’une classe Montessori autogèrent leurs apprentissages. Le matériel est à leur portée et les rangements sont étudiés pour les diriger en fonction de leur niveau de difficulté. Ainsi, l’enfant peut manipuler les outils didactiques tant qu’il le souhaite, jusqu’à ce qu’il ait complètement assimilé la notion. L’action itérée, combinée à la manipulation concrète des nombres, lui permet d’ancrer solidement ses nouvelles connaissances. Il en est de même pour la méthode des frères Lyons. L’étudiant est l’acteur principal de son apprentissage. Le professeur n’est là que pour accompagner l’apprenant et l’aider à faire seul. Il n’attend pas que l’instituteur ait l’obligeance de lui déverser son savoir. Il a également besoin de relier ses apprentissages au monde réel, être sûr qu’ils ont une finalité. Céline Alvarez dans son livre Les lois naturelles de l’enfant insiste énormément sur ce fait établi. Elle donne l’exemple de l’écriture. Nous insistons beaucoup auprès de l’enfant pour qu’il soigne son geste graphique. Il n’en comprend pas toujours le but. Maintenant, demandez-lui d’écrire une lettre à un correspondant étranger. Précisez-lui que s’il ne s’applique pas pour rédiger son courrier, son ami ne le comprendra pas et ne pourra pas lui répondre. Vous verrez qu’ayant compris l’utilité de son acte, il y prêtera beaucoup plus attention. Il en est de même pour les maths. Les problèmes doivent dépeindre des scènes de vie quotidienne. Les calculs doivent être transdisciplinaires et applicables dans la vie de tous les jours. Profitez d’une leçon pour y insérer des faits historiques ou la mettre en lien avec des découvertes scientifiques. Et mettez le bonnet d’âne aux cours soporifiques dont on ne comprend pas toujours le pourquoi du comment. Voici, pour la théorie, passons à la pratique.
Les Défis maths
Cette méthode s’articule autour de 5 gros volumes disponibles en accès libre sur le site Défi-maths. On y trouve :
- Des énigmes et des taquineries qui développent l’esprit logique et éveillent la créativité des petits matheux.
- Des notes historiques pour comprendre l’origine des mathématiques.
- Des personnages attachants qui poussent l’élève à se questionner sur son propre apprentissage.
Leur utilisation n’est pas anodine. Elle demande de la préparation en amont. Il est conseillé au parent-instructeur de parcourir l’ensemble des ouvrages avant de débuter. On commence à partir de 4 ans avec le 1er livre. En deçà de cet âge, les frères canadiens estiment que le système neuronale de l’enfant n’a pas assez maturé. Ils préconisent plutôt l’approche des maths à travers les jeux de logique et de numération. D’ailleurs, ils en ont conçu eux-mêmes plusieurs, comme les célèbres Logix et Architek.
On commence tout doucement avec 2 séances de 20 minutes par semaine. Cette attente permet d’emmagasiner les connaissances.
À 6 ans, on passe à 3 séances de 20 à 30 minutes.
À 8 ans, on augmente la cadence à 4-5 fois par semaine pendant 30 minutes.
De 9 à 12 ans, on peut aller jusqu’à 45 minutes.
Après 12 ans, il est conseillé de passer à la version scolaire de Défi mathématique sur CD. Adressez-vous à l’adresse mail suivante pour vous en procurer un exemplaire : mathadore@videotron.ca.
Si vous avez des questions ou souhaitez partager vos expériences, je vous invite à rejoindre le groupe Facebook des parents qui utilisent la méthode ici.
Kelly Cheppih, maman IEF et rédactrice web, pour Pass éducation