Décider d’instruire ses enfants en famille, cela signifie parfois: s’isoler un peu des autres. Ce n’est pas forcément un choix, mais une constatation: d’une part, car les temps d’apprentissage sont souvent réalisés au calme, à la maison; d’autre part, car le parent qui instruit travaille rarement à l’extérieur, étant donné qu’il est présent et disponible pour ses enfants. C’est d’ailleurs une question récurrente qui nous est souvent posée à propos de la sociabilisation et même de la socialisation de nos enfants. Pourtant, l’expérience montre que fréquenter tout un groupe de personnes du même âge, tous les jours, au quotidien n’est pas forcément plus bénéfique et agréable que de côtoyer moins de monde ou même des personnes de tous les âges… mais tout ceci fait déjà l’objet de nombreux articles et autres discussions… Ici, il est question de sociabiliser au sens de « rechercher et entretenir des relations aimables » plutôt que de « rendre sociable », en entrant en contact, non pas avec d’autres humains, mais avec d’autres animaux ! Les enfants instruits en famille présentent de nombreux profils différents, mais nombreux sont ceux qui ont choisi ce mode d’instruction parce que la « sociabilisation forcée », que représente une scolarité dans de petites classes très chargées, semble être un réel frein aux apprentissages. Pour ces enfants, les relations avec les animaux valent parfois autant que celles que d’autres peuvent entretenir avec leurs pairs.
En effet, les différentes zoothérapies associent les animaux pour nous aider à nous sentir mieux, et leur contact auprès des enfants est très important et se révèle parfois une aide surprenante. Etre instruit en famille n’est pas plus l’objet de difficultés que de suivre une scolarité collective, mais grandir et évoluer dans la société reste, pour chaque enfant, une expérience unique, semée d’obstacles au quotidien. Le rôle de tout éducateur, que nous sommes en tant que parent ( avant même de devenir des parents qui instruisent), n’est-il pas d’apporter à nos enfants, les outils afin qu’ils acquièrent l’autonomie, la confiance en soi et le désir d’apprendre ?
Au même titre que nous, les parents, découvrons et apprenons, à mesure que nous nous occupons de nos petits; un enfant peut apprendre énormément, en s’occupant des animaux. Que cela soit un animal domestique (du tout petit poisson rouge à l’énorme chien des Pyrénées) ou bien un animal de la ferme, la responsabilité, donnée à un enfant, de s’occuper d’une vie, est une grande marque de confiance qui lui est accordée. En effet, un enfant qui adopte et élève un animal de manière consciencieuse et rigoureuse acquiert ainsi des habitudes quotidiennes et tient la responsabilité de cette vie. Ceci peut être une source de fierté, mais également de confiance en soi (en réponse à celle qui lui est accordée).
Ensuite, il y a également l’aspect social et affectif entretenu entre l’enfant et son protégé. Qu’il vive dans la maison ou à l’extérieur, l’animal a sa place dans le coeur de l’enfant au quotidien. Il n’est pas rare qu’un enfant triste ou stressé trouve un réconfort chaleureux à câliner et caresser son chat ou son lapin par exemple. On dit souvent que « les animaux sont moins ingrats que les Hommes, et qu’ils ne nous jugent pas ». En effet, les adultes peuvent parfois être incohérents, et les enfants deviennent quelque fois durs et violents entre eux… l’animal de compagnie peut alors s’avérer un ami précieux dans ces moments difficiles.
Concernant la possibilité d’adopter un animal, tous les enfants ne sont pas égaux, car les petits citadins n’ont pas forcément les mêmes facilités que ceux qui vivent en milieu rural. En effet, alors que dans une maison de campagne, on fera venir le chat pour chasser les souris, le chien pour garder le foyer (ou le troupeau), et les poules pour manger de bons œufs; dans les maisonnettes ou les appartements des villes, les possibilités sont bien plus restreintes. De plus, même si il est souvent possible de s’organiser pour adopter un petit animal de compagnie dans un appartement, certains enfants déclarent des allergies aux plumes et aux poils (en fait c’est via leur salive, qui est allergisante, que les poils deviennent problématiques) , et ceci rend la cohabitation bien moins évidente. Néanmoins, il existe, heureusement, des solutions pour s’occuper d’animaux et établir des contacts et des affinités avec eux, sans être obligés de l’élever soi même.
- Les fermes pédagogiques, que l’on peut trouver à l’intérieur ou en périphérie de nombreuses villes, sont des lieux très appréciés des petits et des grands. On peut y passer quelques minutes le temps d’une promenade, quelques heures pour des ateliers ou des caresses dans tous les sens, ou même des journées complètes lorsqu’une adhésion est organisée. Ainsi, certains jeunes citadins deviennent de vrais petits fermiers, un jour par semaine: nourrir les animaux, ramasser les oeufs, traire une chèvre et donner le biberons aux agneaux n’est plus un secret pour eux !
- Les clubs d’équitation sont, depuis longtemps, une des activités favorites des temps périscolaires. C’est une activité régulière qui permet aux enfants d’établir un contact privilégié avec un animal plus grand qu’eux, ce qui n’est pas anodin dans l’apprentissage du courage et de la confiance en soi. Dès le premier contact et les premiers soins que l’enfant apporte à son poney, il se doit de l’apprivoiser, car il sait qu’il va ensuite le monter puis le diriger. C’est une réelle rencontre que de nombreux enfants se régalent de poursuivre pendant des années. Pour les enfants instruits en famille, ces activités sont, en plus, une manière de rencontrer d’autres enfants, puisqu’elles sont ouvertes à tous, sur les temps libres des enfants scolarisés.
- Les vacances à la ferme, en camping sur des « aires naturelles » au sein d’une ferme, ou lors de goûter organisés par les fermiers, sont également une solution très sympathique pour que les enfants découvrent et entrent en contact avec les animaux. Il existe deux réseaux qui labélisent, et rendent visibles pour tous, ces modes d’accueil à la ferme: « Bienvenue à la ferme » (celui-ci dépend des chambres d’agriculture de chaque département), et « Accueil paysan » (c’est une association engagée qui oeuvre pour une paysannerie ouverte sur les autres).
- Les balades en ânes : ceci se fait souvent en zones montagneuses, pour une journée, un week-end ou bien plusieurs jours, il est possible de louer un ou plusieurs ânes afin qu’il nous accompagne dans notre promenade. C’est un bon compromis pour marcher longtemps en famille, car l’âne porte les bagages, mais aussi l’enfant quand il a besoin de faire des petites pauses (dans la limite d’un certain poids évidemment). Cet échange fonctionne bien si le contact a été pris dès le départ, et c’est lors des premiers soins, équipement, chargement et vérification que l’enfant peut commencer à s’habituer puis à apprivoiser l’animal. Très souvent, les enfants reviennent grandis de cette expérience durant laquelle ils ont créé une réelle complicité d’aventuriers avec leur compagnon pour cette marche souvent semée d’embuches !
Plus simplement, et sans forcément adopter et élever son propre animal, sortir et s’éveiller aux animaux, oiseaux et insectes dans la nature, est une source d’apaisement, d’émerveillement et de joie pour tous. Observer, écouter, suivre un animal, aussi petit et original soit-il, au jardin, en foret, à la plage ou même au parc, peut rapidement devenir une exploration très intéressante.
A l’heure où les écrans et la technologie bloquent de plus en plus les liens humains, n’est-il pas important, voir vital, de renouer des liens avec la nature et les animaux dès notre plus jeune âge?
Charlotte Roman, fondatrice de petitapetonsvoyageons, pour Pass éducation