Cours en Histoire pour la 10eme Harmos : La Troisième République
Société, culture et politique dans la France du XIXe siècle
Problématique : Comment la Troisième République s’enracine-t-elle progressivement dans le paysage politique français ?
Sommaire :
Introduction
La fondation de la Troisième République
- La guerre franco-prussienne
- La Commune
La République s’enracine
- Les lois sur l’école
- La laïcité
- Un paysage républicain
La République menacée
- L’Affaire Dreyfus
- Les crises politiques
Conclusion
Introduction
La République ne va pas de soi dans la France du XIXe siècle. Le pays a connu la Restauration, la monarchie de Juillet et le Second Empire. Les députés de la Troisième République dirigent un pays qui est marqué par de nombreuses divergences politiques. Il existe des forces monarchistes, bonapartistes (qui souhaitent le retour de la famille Bonaparte), des républicains, des communistes, etc.
Dès lors, il s’agit pour la jeune république de s’enraciner profondément dans le paysage politique français et de stabiliser le régime dans la durée. Ce sera fait par l’école, rendue obligatoire pour filles et garçons, mais aussi par la participation de tous les hommes au vote (suffrage universel). Aussi, la République s’implante dans le paysage avec des statues, des symboles, une devise ou encore une fête nationale.
Pourtant instable à ses débuts, elle s’installe et s’enracine durablement. Ainsi, comment la Troisième République s’enracine-t-elle progressivement dans le paysage politique français ?
- La fondation de la Troisième République
- La guerre franco-prussienne
La Troisième République nait dans un contexte de défaite militaire. En effet, Napoléon III rentre en guerre contre la Prusse en juillet 1870. Cette guerre est souhaitée par les Prussiens, qui souhaitent réaliser l’unité des États allemands. C’est une défaite pour la France : la Lorraine est rapidement envahie, et l’empereur capitule après le désastre de Sedan (1er septembre 1870). Il y est fait prisonnier et livre ainsi 83.000 soldats et 14.000 blessés.
Document : La reddition de Napoléon III à Sedan – Source Larousse
Sur cette image, on voit l’empereur Napoléon III assis dans une calèche et fumant le cigare après la défaite de Sedan. Il est entouré et gardé par des cavaliers allemands (en jaune).
Après sa libération, l’empereur part vivre en Angleterre où il meurt en 1873.
La guerre n’est pas terminée ! A Paris, les Républicains profitent de la capture de l’empereur pour proclamer la République, le 4 septembre 1870. Ils forment un gouvernement de la Défense nationale. Le ministre des Affaires étrangères, Jules Favre, fait savoir que la France ne cédera rien aux Allemands. Bismarck, le chancelier prussien, réclame l’abandon de l’Alsace. La jeune République refuse.
Le 19 septembre, Paris est assiégée. Gambetta, ministre de l’Intérieur, fuit Paris en ballon pour Tours, où des ministres se sont réfugiés.
Paris, coupée du reste du pays, subit un siège terrible. La ville est fortifiée mais les bombardements allemands débutent dès le mois de décembre. Les Parisiens résistent. Ils disposent d’une force de 220.000 hommes. L’hiver est d’une rigueur exceptionnelle, avec des pointes à -12°C en décembre. Un rationnement alimentaire est mis en place mais ne suffit pas. On commence à manger ce qu’on peut trouver : rats, chats, chiens… Les bourgeois parviennent à s’offrir de la viande de meilleure qualité : on vend les animaux du Jardin des plantes (éléphant, antilope, chameau…).
Document : Témoignage de Victor Hugo dans Choses vues
Octobre 1870 : « Nous mangeons du cheval sous toutes les formes. J’ai vu à la devanture d’un charcutier cette annonce : Saucisson chevaleresque. »
Décembre 1870 : « Ce n’est même plus du cheval que nous mangeons. C’est peut-être du chien ? C’est peut-être du rat ? Je commence à avoir des maux d’estomac. Nous mangeons de l’inconnu. »
18 janvier : « J’émiette aux poules notre pain noir. Elles n’en veulent pas »
Le taux de mortalité double en quelques mois, en raison de la pauvreté de l’alimentation mais aussi du froid et d’affections pulmonaires.
Le 26 janvier 1871, le gouvernement capitule et accepte le cessez-le-feu. L’armée allemande obtient le droit de défiler dans la capitale et d’occuper symbolique les Champs-Élysées.
- La Commune
Après la capitulation française, l’humiliation est totale. Les Parisiens, qui ont participé fortement à l’effort de guerre durant le Siège, sont outrés de la décision du gouvernement. Le défilé des troupes prussiennes sur les Champs-Élysées ajoute au sentiment de désastre.
Mais c’est une décision du gouvernement français qui met le feu aux poudres. Le 18 mars 1871, deux généraux sont envoyés récupérer les canons de Paris, que le peuple parisien avait amassé à Montmartre pour contrer les Prussiens. La foule refuse. L’ordre est donné de tirer mais les militaires rejoignent les insurgés. Les généraux sont exécutés. C’est le commencement de la Commune de Paris.
Document : Une barricade de la Commune de Paris, 18 mars 1871 – Source : Wikipédia
Les Communards (ou « fédérés ») organisent des élections. Ils s’opposent aux Versailles, c’est-à-dire au gouvernement installé à Versailles. Ils montent des barricades et s’unissent autour de symbole, comme le drapeau rouge.
Les Communards élisent des personnalités issues de divers milieux : instituteurs, ouvriers, avocats…Ils mettent en place des lois sociales : école gratuite et laïque, gratuité des loyers pour quelques temps, justice gratuite, etc.
Document : L’école gratuite, laïque et obligatoire – Source : Mairie de Paris
Ci-contre, une affiche informant la population de l’ouverture d’une école pour filles et garçons.
L’enseignant confessionnel est interdit. Edouard Vaillant, le délégué à l’enseignement, met donc en place une uniformisation de la formation primaire laïc.
La Commune n’a duré que 72 jours mais elle a été un véritable laboratoire d’expérimentations sociales. L’école gratuite, laïque et obligatoire deviendra une législation française, par l’initiative de Jules Ferry, en 1882.
De même, la Commune établit la séparation des Églises et de l’État, qui interviendra au niveau national en 1905. En effet, les Communards sont très hostiles à l’Église catholique, très liée au Second Empire. Ils prennent plusieurs décisions visant à laïciser l’espace public :
- Suppression du budget alloué au culte
- Nationalisation des biens des congrégations religieuses
- Suppression des crucifix des salles de classe
Le gouvernement d’Adolphe Thiers réagit en envoyant des troupes « versaillaises » reprendre Paris. C’est le début de la Semaine sanglante qui dure du 21 au 28 mai 1871. 130.000 soldats s’opposent à environ 30.000 Communards. La Commune est écrasée.
Les Communards qui n’ont pas été tués durant la Semaine sanglante sont en grande partie déportés vers les bagnes français ou simplement emprisonnés.
Le gouvernement reprend le pouvoir à Paris et la Troisième République s’installe durablement. La Commune reste un moment fondateur des partis de gauche en France et même à l’étranger. Karl Marx, fondateur du communisme, considère que cette expérimentation est la première « dictature du prolétariat ».
- La République s’enracine
- Les lois sur l’école
La Troisième République s’enracine durablement dans le paysage politique français par des lois qui fondent encore aujourd’hui notre société.
Parmi ces lois fondatrices, il faut citer les lois sur l’école de Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique de 1879 à 1883.
Il y a des précédents :
- En 1833, la loi Guizot prévoyait l’obligation des communes de plus de 500 habitants d’avoir une école primaire à destination des garçons. Il est même prévu que l’enseignement y soit gratuit pour les enfants dont les familles seraient dans l’incapacité de payer.
- En 1867, sous le Second Empire, Victor Duruy fait voter une loi par laquelle les communes de plus de 500 habitants doivent se doter d’une école de filles.
Cependant, il faut attendre les lois Ferry pour que l’école soit gratuite pour tous et partout, mais également laïque. L’instruction devient obligatoire : charge aux familles de faire savoir si elles souhaitent instruire leur enfant à domicile ou l’inscrire à l’école. Cette obligation concerne alors les enfants de 6 à 13 ans.
16 juin 1881 : l’enseignement primaire devient gratuit
28 mars 1882 : l’enseignement primaire est obligatoire et laïc
La grande nouveauté des lois Ferry par rapport à ses prédécesseurs concerne la scolarisation de toutes les filles et des enfants des campagnes. Ces derniers sont désormais envoyés à l’école primaire plutôt que d’aider aux travaux des champs. Au total, les lois Ferry touchent 600.000 enfants qui n’étaient pas encore scolarisés.
Document : Affiche de la Mairie du Xe arrondissement de Paris informant les habitants de l’obligation de l’instruction pour les enfants de 6 à 13 ans.
Si la majorité des enfants français étaient déjà scolarisés, Ferry instaure une nouveauté importante : l’enseignement est désormais laïc. La Troisième République supprime tout enseignement religieux à l’école et le remplace par une « instruction morale ». L’école laïque et obligatoire permet donc d’affirmer la neutralité de l’État dans le domaine religieux.
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