Des chiffres qui inquiètent
En France, un élève sur dix est concerné par le fléau du harcèlement scolaire. On dénombre 12% de victimes en primaire, 10% au collège et 4% au lycée. L’enfant subit différentes formes de violences : insultes, moqueries, humiliations, processus d’isolement, menaces, coups et blessures, agressions sexuelles, propagations de rumeurs… L’auteur de ces actes agit avec la volonté de nuire et s’entoure presque toujours d’un groupe d’individus qui renforce le cercle vicieux du harcèlement. Les « outsiders » peuvent participer aux brimades, ou simplement être témoins sans réagir. Cette spirale infernale affecte grandement la personne touchée. Il en découle des agissements plus ou moins graves selon les situations ainsi que le profil : ychologique de la cible : perte d’estime de soi, baisse des résultats scolaires, absentéisme, symptômes somatiques liés au stress (maux de ventre), insomnie, renfermement sur soi, agressivité, blessures physiques, scarifications. Ces comportements doivent alerter les parents s’ils se manifestent chez leur enfant. Sachez toutefois que beaucoup d’adultes ne remarquent rien ou interprètent ces situations à tort comme de simples disputes entre jeunes. Le meilleur dépistage restera toujours le dialogue. Le suicide quant à lui reste heureusement un acte rare, mais qu’il convient de tout de même redouter.
Qui harcèle ?
Existe-t-il un profil récurent chez les harceleurs ? Il semblerait que non. N’importe quel enfant peut se retrouver harceleur ou harcelé, parfois les deux successivement. Tout peut démarrer d’une simple blague. Il suffit que cette dernière provoque l’hilarité d’un groupe de personnes pour que cela encourage le harceleur à reproduire le schéma. Par la suite, les blagues deviennent plus agressives et le harceleur de part un phénomène de groupe intensifie les attaques. Bien souvent, les victimes n’osent pas réagir. Le harcèlement s’installe.
Que dit la loi ?
Le harcèlement scolaire est avéré « … lorsque l’enfant est exposé de manière répétée et à long terme, à des actions négatives de la part d’un ou plusieurs élèves » (Dan Olweus, 1999)
L’auteur des faits s’expose à 6 mois de prison ainsi qu’à une amende de 7 500€ s’il est mineur, 12 mois de prison et 15 000€ d’amende s’il est majeur. En revanche, aucune peine pénale ne sera appliquée si le harceleur est âgé de moins de 13 ans.
Comment réagir ?
Si vous pensez que votre enfant est concerné, ou si vous êtes vous-même victime de harcèlement, ne tentez jamais d’arranger la situation seul. Le premier réflexe à avoir est d’en parler à un adulte (maître ou maîtresse, conseiller d’orientation, professeur, surveillant, un parent…). L’étape suivante consistera à alerter l’équipe pédagogique en prenant rendez-vous avec eux afin de les informer de la situation. Ce peut-être le directeur de l’établissement scolaire, la conseillère d’orientation, le professeur principal… Le tout est de réussir à créer un échange en vue de mettre en place des solutions. Il existe également un numéro vert : 3020. Vous y trouverez une oreille attentive et de précieux conseils sur les démarches à entamer. N’oubliez pas que le premier pas reste toujours le plus difficile. Pensez simplement que personne ne mérite de subir cette épreuve. Faites-le pour vous, mais aussi pour toutes les futures potentielles victimes.
Encore un tabou
Toutefois, il est fréquent pour la victime de se confronter à des adultes peu réceptifs. D’après les chiffres, 3 jeunes sur 4 appellent à l’aide sans recevoir un soutien adapté. Les établissements scolaires se montrent frileux à l’idée qu’un scandale ne leur fasse une mauvaise publicité. Etouffer l’affaire en dénigrant la personne atteinte reste encore la solution trop utilisée de nos jours. C’est pourquoi il ne faut jamais baisser les bras et continuer à alerter plus haut dans la hiérarchie : contacter l’inspection académique et/ou porter plainte.
Les solutions
Une fois le processus contre les agresseurs lancé, plusieurs solutions peuvent être envisagées :
- Prendre rendez-vous avec un : ychologue : Cependant les séances ne seront pas prises en charge par la sécurité sociale. Comptez quelques séances à 60-80€ chacune, pour un résultat rarement satisfaisant. Néanmoins, l’enfant y trouvera quelques outils à mettre en place pour se défendre.
- Une condamnation du harceleur : Toutefois, il se peut que l’entourage de ce dernier fasse perdurer le harcèlement. Des tentatives de vengeances peuvent survenir.
- Changer d’établissement scolaire : Dans les cas les plus extrêmes, changer d’école peut représenter une seconde chance pour la victime. En revanche, elle reste encore très fragile et il n’est pas rare que le schéma de harcèlement ne s’installe à nouveau.
- L’instruction en famille : Pourquoi ne pas envisager un autre type de scolarité pour nos enfants ? Si ce dernier souffre à cause d’un environnement trop violent, il peut être bienvenu de lui proposer des cours à la maison. Que ce soit temporairement afin que les circonstances s’améliorent, ou de manière définitive. L’IEF ne coupe pas de la vie en société si elle est bien menée. Des rencontres s’organisent entre les familles qui pratiquent ce mode de vie. Vous trouverez plusieurs informations à ce sujet dans la section sociabilisation IEF de Pass éducation.
Et si tout pouvait changer grâce à la prévention ?
Les tentatives pour endiguer ce mal que représente le harcèlement scolaire restent encore trop timide dans notre pays. Les statistiques stagnent d’année en année, sans aucun signe d’amélioration. En regard de ces faibles résultats, le gouvernement s’élance à proposer de nouveaux dispositifs depuis la rentrée scolaire 2018. Sur leur site internet, nous découvrons plusieurs sections qui s’adressent aux professionnels du milieu scolaire, aux parents, ainsi qu’aux élèves. Des conseils sont proposés, mais nous trouvons surtout un projet inédit : devenir ambassadeur. L’idée consiste à former les élèves qui se portent volontaires de manière à devenir des sentinelles au sein de leur établissement. Différentes missions composent leur rôle récent : sensibiliser les autres élèves en proposant tout un panel d’activités (vie de classe, slogans, vidéos, fêtes, hashtag sur les réseaux sociaux, lancer une campagne d’affichages, initier des ventes de badges etc…), repérer les signes de harcèlement et convaincre la victime d’en parler, associer les adultes au projet. Le recul sur cette initiative n’est pas encore suffisant. Impossible de prédire si cela fonctionnera ou non. Il ne reste plus qu’à espérer que le changement s’impose.
Marie, fondatrice du blog m123pommes, pour Pass éducation