Le bulletin de notes du système éducatif francais n’est pas très glorieux. L’école républicaine, traditionnelle et vieillissante ne fait plus rêver. Tout le monde semble s’accorder sur ce point. Pourtant, rien ne change. Est-il si compliqué d’innover ? Peut-être pas. Un pays est sorti de sa zone de confort. Dans les années 70, la Finlande affichait des scores plutôt moyens. Consciente de ses lacunes, elle a engagé de grandes réformes qui lui ont permis d’obtenir des résultats spectaculaires. En 2016, elle s’est hissée à la 5e place du classement PISA de l’OCDE.
Celà étant dit, est-il possible de copier ce modèle à la maison? Quelles idées peut-on emprunter à nos amis nordiques ? C’est ce que nous allons tenter de décrypter ensemble. Oubliez tous vos aprioris, enfilez vos doudounes et vos moufles. Direction, la Finlande.
Les spécificités éducatives finlandaises
Une organisation particulière
Lorsque l’on pousse pour la première fois les portes d’une école finlandaise, on est tout de suite interpellé par les plannings. Les enfants étudient la moitié de la journée, en général de 9 h à 13 h. Ils s’accordent des pauses de 15 minutes, toutes les 45 minutes de cours. Le reste de l’après-midi est libéré pour permettre aux jeunes de se consacrer à leurs loisirs. Visiblement, le succès du dispositif n’est pas à chercher dans le volume horaire. Fait d’autant plus marquant, quand on sait que les écoliers finlandais n’entrent en primaire qu’à 7 ans. Pour lutter contre l’échec scolaire, le gouvernement français a décidé d’avancer l’âge obligatoire du début de l’instruction à 3 ans. Cela pousse vraiment à réfléchir.
Pénétrons à présent dans une classe. Elle se compose en moyenne d’une vingtaine d’élèves, d’un professeur et d’un enseignant-assistant. Oui, oui, vous avez bien lu. Chaque petit scandinave est accompagné par 2 adultes et bénéficie d’un enseignement personnalisé. En Finlande, on ne redouble pas, mais on soutient.
En matière de pédagogie, le corps enseignant a carte blanche, il jouit d’une totale liberté. Il peut en appliquer une seule ou en combiner plusieurs, tant qu’elles sont adaptées aux besoins de l’enfant. Même son de cloche pour les devoirs qui ne sont pas les mêmes d’un camarade à un autre. Les forces et les faiblesses de chacun sont ciblées pour les retravailler ensuite à la maison. Les travaux à domicile s’effectuent en 20 minutes environ et n’excèdent jamais 1 heure.
En ce qui concerne les évaluations, c’est simple, il n’y en a pas. Du moins, pas jusqu’en 5ème. Le même principe s’applique aux établissements scolaires. Il n’y a aucun système de classement, et donc aucune école prestigieuse. Elles se valent toutes. Il n’y a aucune concurrence. De toute façon, elles sont toutes gratuites. De même que les fournitures, la cantine et les transports.
Le métier d’enseignement revalorisé
Être professeur en Scandinavie est une véritable vocation, au même titre qu’un médecin ou un avocat. La demande dépasse largement les postes à pourvoir. Le pays est particulièrement exigeant. Pour décrocher le précieux sésame, un MASTER en Sciences de l’Éducation est nécessaire, ainsi qu’un an de stage obligatoire. On y apprend notamment différentes pédagogies et une approche de la ychologie enfantine. Une fois qu’ils occupent leur poste, les enseignants continuent de recevoir une formation en continu.
Les valeurs inculquées à l’école finlandaise
Elle regroupe un grand nombre de principes humanistes. Au sein de l’établissement, les différents milieux sociaux, économiques ou religieux se côtoient, sans préjugés. Le respect et la tolérance ont pour but de participer à l’égalité des chances et mettre en place des perspectives d’avenir.
Les instituteurs privilégient une relation horizontale de proximité à une domination objective. La classe est un lieu d’échanges et de partages ou chacun apporte sa pierre à l’édifice. Les tables ne sont pas disposées en rangées face au tableau, mais en îlots. Les étudiants sont encouragés à échanger pendant les cours. À la cantine, tous mangent à la même table. Les enfants ne s’embarrassent pas de formalités et interpellent leurs professeurs par leur prénom.
Les jeunes Finlandais apprennent très tôt à se responsabiliser. Comment ? Encore une fois par le jeu. Leur emploi du temps réserve un nombre d’heures conséquents pour les ateliers comme la cuisine, la couture ou le théâtre. Dès leur plus jeune âge, ils apprennent à développer leur motricité fine et leurs compétences exécutives transdisciplinaires. Grâce à la précision de leurs gestes, ils deviennent très vite autonomes dans tous les aspects de leur vie.
Chacun sait qu’il a un rôle à jouer dans ce monde et que la communauté est la pierre angulaire d’une société apaisée. Il existe même une matière intitulée « le cours de nous ». Il n’y a aucune concurrence et la malveillance est fortement réprimée. 90 % des collèges et lycées finlandais appliquent un programme de lutte contre le harcèlement scolaire. Serait-ce une des raisons qui a poussé le « World Happiness Report 2018 » à élire le peuple finlandais, le plus heureux du monde ? La recette du bonheur consisterait-elle à préparer les ingrédients de l’épanouissement dès la petite enfance ?
Ce qu’il faut retenir
Si vous souhaitez appliquer les bases de l’instruction finlandaise avec votre enfant, vous pouvez :
- Retardez l’âge de l’instruction formelle. Laissez votre tout-petit jouer, expérimenter et découvrir son environnement. Il apprendra naturellement ce que l’école peine à instruire. Le moment opportun, quand vous le sentirez réceptif, vous pourrez commencer à lui présenter de petits travaux adaptés à son développement cognitif et : ycho-moteur.
- La capacité d’attention d’un enfant en maternelle est très courte. Permettez à l’enfant de souffler régulièrement pour oxygéner son cerveau. L’idéal est de répartir les cours sur une demi-journée avec un nombre d’heures équivalent à son niveau. Un élève de : ne travaille pas autant qu’un : . Votre progéniture pourra ainsi profiter du reste de la journée pour vaquer à ses occupations. N’hésitez pas à lui proposer des pistes : jeux, ateliers, visite à la bibliothèque, etc.
- Bannissez le stylo rouge et les appréciations négatives. Au lieu de barrer les erreurs, pourquoi ne pas entourer toutes les bonnes réponses ? C’est tellement plus encourageant ! Prenez uniquement des notes personnelles.
- Laissez-le être l’acteur de son apprentissage en le laissant développer son autonomie et sa créativité.
- Testez plusieurs méthodologies pour débusquer celle qui correspond le mieux à son profil.
- Ne mettez pas en concurrence la fratrie. Au contraire, poussez-les à s’entraider.
- Soyez bienveillant et à l’écoute. Ne vous enfermez pas dans un rôle autoritaire ou nul n’a son mot à dire. Les échanges améliorent la relation et permettent d’instaurer la confiance.
Kelly Cheppih, maman IEF et rédactrice Web, pour Pass éducation