Les différentes formes d’apprentissages et pédagogies

Dans cet espace dédié à l’IEF, vous allez découvrir, au travers des différents articles, toutes les options qui s’offrent à vous dans le cadre de l’instruction. Qu’il s’agisse d’une instruction “en école” ou “hors école” (dite en famille), aborder l’instruction des enfants peut se faire de multiples façons car il y a autant de possibilités que de couple “instructeur-enfant”. De nombreux facteurs en dépendent : la motivation de chacun, ses valeurs, le cadre, les tempéraments. Quelque soit le contexte “en école” ou “hors “école”, lorsque l’instructeur est libre de mettre en place une approche liée à une ou plusieurs pédagogies, un cadre d’apprentissage, deux questions se posent :

  1. la démarche de l’instructeur et son choix parmi les pédagogies existantes
  2. la place de l’enfant/apprenant

1. Les pédagogies existantes

Pour l’instructeur qui se veut actif dans sa démarche d’enseignement, la mise en oeuvre de l’instruction repose sur un ou des choix parmi les pédagogies qui forment un cadre “théorique” à son approche. Bien que la science de l’éducation, dans laquelle s’inscrit la démarche d’instruction, repose sur un mélange de ces théories et de pratiques sur le terrain, nous n’aborderons ici que les grandes lignes théoriques basées sur les travaux des pédagogues les plus répandus. Il s’agit d’en faire une revue succincte avec leurs principales caractéristiques, car nous verrons chacune d’elles en détail dans les différents articles du blog.

Pédagogie traditionnelle : la plus connue et pratiquée elle repose sur la centralité de l’enseignant, la transmission du savoir (souvent coupé de la vie), l’asymétrie dans la relation, une normalisation de l’éducation.

Pédagogie Montessori : fondée par la pédagogue Maria Montessori, elle se base sur un accompagnement à l’autonomisation de l’enfant grâce à l’environnement et du matériel adapté, cultivant les capacités de l’enfant (sensorielles, d’observation, etc).

Pédagogie Freinet : fondée par Célestin Freinet, elle place l’égalité des individus au cœur de la démarche avec une volonté de rendre l’enfant plus libre, renversant ainsi les modèles de la pédagogie traditionnelle. Le texte libre, le dessin libre, les correspondances et journaux scolaires sont autant de supports utilisés dans cette pédagogie.

Pédagogie Steiner : fondée par Rudolf Steiner, assez controversée car elle intègre une dimension spirituelle dans les enseignements. Au cœur de la démarche : on y trouve la volonté d’équilibrer les activités cognitives, créatives et techniques.

Pédagogie Decroly : fondée par Ovide Decroly, elle met en évidence les intérêts de l’enfant comme moteurs des apprentissages. L’expérimentation, le milieu naturel de l’enfant et la globalisation (l’enfant apprend globalement) y ont une place importante.

Pédagogie Reggio : fondée par Loris Malaguzzi son nom vient de sa ville Reggio Emilia, elle repose sur la coopération et les motivations de l’enfant à apprendre. L’enfant comme dans toutes les pédagogies dites actives est au cœur de la démarche d’apprentissage, en accordant une place particulière à l’art, la nature, les relations sociales.

Les différentes pédagogies peuvent être évaluées/comparées sous le prisme du triangle pédagogique proposé par le pédagogue Jean Houssaye (1988) qui permet d’analyser le curseur que l’on place sur l’enseignement, la formation, les apprentissages en évaluant la place de chacun : l’apprenant (étudiant), l’enseignant (instructeur) et le savoir. Cette théorie s’inscrit dans un cadre institutionnel mais peut également servir à tout instructeur qui s’interroge sur sa démarche.

2. La place de l’enfant : les différentes formes d’apprentissages

L’enfant peut être instruit/s’instruire de différentes façons et c’est en se penchant sur les nombreuses formes d’apprentissages qu’on peut évaluer le cadre pédagogique proposé. Les modèles de classifications des apprentissages sont légions, nous retiendrons ici celui de Gérard De Vecchi (le plus synthétique et couramment utilisé) qui les catégorise comme suit :

  1. Apprentissage par transmission de connaissances
  2. Apprentissage par imitation
  3. Apprentissage passant par la recherche et l’expérience
  4. Apprentissage par actions téléguidées
  5. Apprentissage constructiviste
  6. Apprentissage cognitiviste

Si on doit regrouper les apprentissages, on en retiendra deux catégories : celle où l’enfant est actif, au centre de la démarche sans formalisme (informels), celle où l’enfant est guidé d’une façon où d’une autre (formelle). Dans les apprentissages informels tels qu’on peut les voir en unschooling, l’adulte “instructeur” garde un rôle important dans l’accompagnement. Il ne s’agit pas de laisser l’enfant livré à lui-même et trouver des choses à apprendre par lui-même. L’adulte est dans une grande observation pour fournir des ressources adaptées à l’enfant qui est en demande. Cette observation lui permet d’enrichir l’environnement de l’enfant, en adoptant notamment le “strewing”.

Il s’agit d’une pratique consistant à “parsemer” des ressources sur le chemin que s’est choisi l’enfant dans ses apprentissages/centres d’intérêts. Cette pratique vient de la communauté de l’unschooling et fait l’objet d’un article dédié.

Parmi toutes ces approches, de nombreuses pratiques combinatoires sont possibles ce qui fait toute la richesse d’une instruction différente (à l’opposée de l’instruction traditionnelle basée sur la seule transmission/imitation). Lorsque les esprits s’ouvrent à voir au delà des carcans et dogmatismes (dans un sens ou dans un autre), les adultes et les enfants peuvent jouir d’énormes bénéfices dans la démarche d’instruction, dont l’enthousiasme est la clé.

Maja Mijailovic, fondatrice du site leslunettesdemaja.fr, pour Pass Education