L’IEF (Instruction En Famille) est le contexte idéal pour s’adapter à l’enfant et le suivre dans ses demandes et envies. L’idée étant alors que les apprentissages se fassent naturellement, sans forcer et avec plaisir.
Mais comment faire ça ? L’enfant peut-il toujours avoir envie d’apprendre de lui-même, même dans des matières assez « formelles » comme les mathématiques, la physique ou la grammaire ?
Au-delà de la liberté totale qu’on peut laisser à l’enfant, il y a néanmoins cette pression législative qui doit nous faire tendre vers l’acquisition du socle commun. Alors, on peut s’inquiéter, mais on peut aussi surfer sur la formidable machine intégrée au cerveau de chaque enfant : l’imaginaire.
C’est bien connu, les enfants ont un imaginaire sans frontière. C’est incomparable avec celui des adultes très rapidement restreint par le sérieux de leur vie responsable. C’est une force inégalable que nos enfants possèdent. Un monde intérieur sans limite, cela permet de rêver de tout, de tout imaginer et d’avoir un éventail des possibles incroyable : tout leur parait possible.
Plus loin encore que l’imaginaire, c’est le plaisir que les enfants éprouvent lors de leurs jeux de rôles qui rend ces moments si enthousiasmant pour eux.
C’est une force et un tunnel merveilleux que l’on peut emprunter avec eux pour les rejoindre dans leur univers qui leur est propre, singulier et merveilleux tout comme eux. C’est ici l’occasion de voir cela comme un parfait moyen de rendre les apprentissages ludiques et fluides. Parce que oui, les émotions, le plaisir et l’enthousiasme renforcent la mémoire. On se souvient toujours plus fort de ce que l’on a appris avec plaisir.
Alors jouons, rions et entrons joyeusement dans le monde merveilleux des jeux de rôles et du faire semblant.
Ici, tout est possible, ne vous restreignez pas aux lois physiques de notre Terre, ne vous accrochez pas aux convenances et à la logique de notre société. Ici, les dragons peuvent acheter des chaussettes chez le boulanger, les maisons peuvent lancer des boules de coton et les peluches de lapins peuvent être des ours. Ces pièces de théâtre, on les vit et on les incarne, jamais à moitié.
L’enfant nous montre de lui-même ce qui compose son imaginaire, il suffit de regarder et d’écouter. Quels personnages aime-t-il incarner, à quel héros s’identifie-t-il ? Aime-t-il un univers particulier ou aime-t-il simplement jouer à faire semblant ?
A partir de là, on peut entrer nous aussi dans la peau de personnages et venir à la rencontre de l’enfant.
Jouer et apprendre
La préparation des activités ne demande pas forcément beaucoup de temps ni d’investissement. Jouer aux jeux de rôles peut suffire pour passionner l’enfant. Quel que soit le domaine d’apprentissage, du plus formel au plus informel, tout est possible. L’esprit de proposition est essentiel, l’enfant doit être enthousiasmé et donc totalement acteur de ce jeu. Des exemples ? Vous voilà dans la peau d’un personnage, vous n’êtes plus le parent, l’adulte, vous êtes mille autres personnes : Je suis Julie, une fée malvoyante qui a besoin de quelqu’un pour lire les énigmes écrites sur son cahier de lecture.
Je suis un extra-terrestre venu pour communiquer et qui a besoin de quelq’un pour lui apprendre à écrire en français.
Je suis le Professeur Sassou, mathématicien et astrophysicien, et j’ai besoin d’un assistant pour compter avec moi le nombre de wagons nécessaires pour fabriquer mon train interstellaire.
Je suis un ours fouisseur qui trouve des fossiles et des objets antiques, qui a besoin de quelqu’un pour identifier tout ce qui était enterré.
Etc
Les bénéfices
Cette approche apporte plusieurs bénéfices :
- Un moment agréable pour tout le monde, source de rires et de plaisirs
- Des souvenirs percutants, une mémoire renforcée par les émotions agréables
- Un enthousiasme intact pour retrouver une prochaine fois ce personnage imaginaire incroyable et pour progresser dans les missions proposées
- La culture et le développement de l’imaginaire de l’enfant
- L’implication de l’enfant dans des missions qui lui sont destinées
- La constatation de ses compétences, l’enfant apporte quelque chose au personnage
- Les possibilités infinies, l’imaginaire est sans limite
- Des jeux adaptatifs et évolutifs, on change de personnages, on s’adapte aux passions de l’enfant
L’enfant n’apprend que s’il y voit un intérêt. Parfois, apprendre les fractions ou la grammaire ne montre en soi pas d’intérêt pour l’enfant. On lui dit qu’il doit acquérir ces connaissances mais lui n’y voit peut-être qu’un amas de lettres ou de chiffres sans lien et surtout sans intérêt direct. L’intérêt passe par le plaisir. C’est par plaisir et par enthousiasme que l’on est capable d’absorber des quantités phénoménales de données. La passion, voilà ce qui nous anime ! Et alors, s’il faut aider un extra-terrestre à apprendre notre langue et à écrire des messages pour qu’il puisse communiquer avec nous, l’intérêt pour l’enfant est là ! Pas les lettres, pas la grammaire, mais bien dans le fait d’aider un personnage, de vivre dans un monde incroyable où tout est possible et où l’enfant est acteur, et constate que ses compétences servent et aident quelqu’un, son héros préféré peut être.
Sandra Ferreira, fondatrice du blog Des Cendres à l’Or, pour Pass Education