Les jeux de société au service des apprentis’sages (Instruction En Famille)

Les enfants instruits en famille passent plus de temps à la maison, avec leurs parents, que leurs pairs scolarisés. La grande différence pour eux, est que la maison est tout à la fois un lieu d’apprentissages et de jeux, de travail et de détente ; et leurs parents sont à fois leurs éducateurs, leurs instructeurs et leurs compagnons de jeux !

Très souvent, ces familles dénichent des tas d’idées ingénieuses afin de s’organiser dans le temps et dans l’espace pour que les journées ensemble se déroulent le mieux possible, et que chaque chose soit à sa place. Or, parfois, il est agréable (voire nécessaire pour certains) de tout mélanger, et d’apprendre en s’amusant, et même en jouant ! Pour cela, les jeux de société représentent un outil formidable, à tout âge, et dans de nombreux aspects de « l’école de la vie », comme la logique, la gestion de la frustration, du stress, le lâché prise, la confiance en soi, la concentration, la réflexion, la stratégie etc

Dès leur plus jeune âge, les enfants sont très attirés par les jeux de société et il n’est pas rare qu’ils sortent la même boîte, jour après jour, jusqu’à avoir épuisé tout le sujet. Pour commencer, il est souvent plus agréable et plus facile de jouer aux jeux collaboratifs, puisque les joueurs partagent, ensemble, la joie lorsqu’ils gagnent et la frustration lorsqu’ils perdent. En effet, le principe des jeux collaboratifs est de s’unir contre un élément du jeu plutôt que de jouer les uns contre les autres, ce qui peut être vécu comme un moment très douloureux par certains enfants (confiance en soi, opposition, frustration, contrainte etc). Par exemple, le célèbre « Verger » de Haba, et sa version simplifiée pour les tout petits, permet aux plus jeunes joueurs de découvrir les couleurs, le lancé de dé, et l’excitation à l’idée que le corbeau gagne et mange tous nos fruits !

En général, une fois que l’enfant (et toute sa famille) a pris goût au jeu, il sera ravi d’aller plus loin et de découvrir le challenge et la compétition qu’entrainent certains jeux de société, qui nécessitent souvent réflexion et stratégie.

Une fois la notion de frustration réglée, une fois que tout le monde a intégré cette valeur primordiale : « l’important n’est pas de gagner mais de jouer » ; dans le cadre de l’instruction en famille, jouer devient un atout précieux pour le « vivre ensemble » et pour faciliter les relations entre les parents et leurs enfants, ou même entre les frères et sœurs. Jouer ensemble permet de se découvrir autour de la table, sous un angle différent du cadre de l’éducation et de l’instruction : les différents membres de la famille se retrouvent sur un pied d’égalité (surtout dans les jeux de hasard) et certains développent ici des qualités particulières que l’on aurait pas déceler ailleurs (rapidité d’observation, anticipation sur les coups à venir, patience, feinte des sentiments etc).

Ce qui est très sympa au niveau des apprentissages purement scolaires, ce sont les nombreux jeux de société éducatifs que l’on peut acheter, ou même que certains profs-blogger ou parents-instructeurs créent et mettent en ligne généreusement sur internet. Par exemple, Haba propose de travailler le calcul mental avec un très beau plateau dans « Opération Amon- Rê », dans lequel les cambrioleurs se faufileront à travers le musée en progressant jusqu’au butin… les enfants ayant été habitués aux jeux collaboratifs se retrouvent souvent à aider leurs adversaires, se laissant ainsi entrainer dans la satisfaction de trouver un résultat !

Les touts petits se voient souvent proposer de nombreux jeux liés à la découverte du monde, à la préhension, aux manipulations mathématiques et même à l’expression orale et la découverte de l’écriture. Certaines maisons d’éditions fabriquent même des jeux sur le thème de leurs ouvrages les plus célèbres : ainsi, il est possible de jouer avec les personnages d’histoires étudiées ensemble, comme avec la fameuse sorcière Cornebidouille, les personnages du Père Castor, les bonshommes Monsieur-Madame, l’illustre Chenille qui fait des trous d’Eric Carle et bien d’autres encore…

Ce qui est parfois plus difficile, c’est d’apprendre en jouant avec les plus grands, alors qu’ils en ont souvent besoin pour faire une pause, lâcher prise et apprendre autrement. C’est là que les différentes méthodes ludiques, et les blogs de profs attentionnés, sont des sources très intéressantes.

Par exemple, les méthodes visuelles comme les Alphas, Multimalin ou les Cartes Mentales proposent des jeux de cartes ou de plateaux avec lesquels les enfants pourront vérifier leurs acquis ou « réviser » pendant leurs vacances.

D’autres auront choisi de créer leurs jeux en copiant des systèmes existants (telles que les nombreuses versions du Mistigri notamment). Afin de réaliser des jeux qui serviront à toute une fratrie, et/ou pour que cela soit plus agréable à manipuler, il est judicieux d’investir dans une imprimante et une plastifieuse car le net regorge de jeux à télécharger gratuitement.

Plusieurs instituteurs partagent leurs outils de travail en classe sur internet, mais il y en a qui se démarquent particulièrement grâce à leurs magnifiques illustrations, qui ajoutent au plaisir de jouer avec leurs créations. Notons en particulier :

le site de « BoutdeGomme », qui est une mine d’informations et d’idées avec de nombreuses propositions de jeux sur des thèmes très variés (« MultiRobot », « Multispeed », jeu des 7 familles en mythologie, jeu de l’oie des révisions etc)

le site de « Mysticlolly » propose également de très jolis jeux pour travailler, s’exercer ou réviser

de nombreuses notions (« cartes à conter », l’anglais avec « I have… who has ? » etc)

Pour celles et ceux qui n’ont pas encore l’habitude de jouer au quotidien, et qui aimerait se lancer, sans trop connaître ce monde fantastique des jeux de société, un petit conseil : éviter de se perdre d’emblée dans les rayonnages des grands magasins, car les boîtes sont souvent fermées, que les tranches d’âges annotées ne sont pas forcément correspondantes avec la pratique de vos enfants (qui sont souvent capables de plus que ce qui est inscrit) et les vendeurs ne peuvent pas toujours vous conseiller. Afin de viser au plus juste et d’éviter d’investir dans un jeu qui ne serait pas adapté à vos besoins, qui serait trop rapidement ennuyeux ou obsolète, ou inversement trop compliqué ou mal conçu (ça existe, parfois même la règle semble incompréhensible) ; il existe deux réflexes à acquérir en tant que joueur.

Depuis la maison, sur internet tout d’abord, certains « youtubeurs » préparent des vidéos rapides et abordables pour nous faire découvrir de nombreux jeux, comme celles de « LudoChrono » qui présente des jeux en 5 minutes, ou bien « OpenZeBouate » qui nous présente tout le matériel.

Ensuite, lorsque vous pouvez vous rendre sur place, la majorité des grandes villes sont dotées d’une boutique spécialisée qui est généralement tenue par des passionnés. Dans ces boutiques, vous pourrez recueillir de précieux conseils et même parfois… jouer, car certaines boites seront mises à disposition, ou mieux encore, des séances seront organisées.

Pour finir dans vos explorations, et parce que le rythme de l’instruction en famille permet de s’évader et de se promener : plusieurs salons et festivals sont organisés, à différentes échelles, tout au long de l’année et partout sur l’hexagone. Vous pourrez, par exemple vous rendre à Cannes pour le Festival international des jeux, sur la capital avec le festival « Paris est Ludique », en Ardèche pour le Festi’Vals du jeu de Vals les Bains, à Lyon pour le salon OctoGônes et dans de nombreux autres lieux sur toute la France.

Et pour ceux qui n’ont pas les moyens, ou même l’envie, de s’offrir tous ces jeux qui peuvent s’avérer être un budget important et qui prennent parfois beaucoup de place, la solution existe dans de nombreuses villes : ce sont les ludothèques (qui prêtent leurs boîtes) ou bien des cafés associatifs, dans lesquels on peut s’installer et jouer sur place.

Alors… amusez-vous bien !

Charlotte Roman, fondatrice de petitapetonsvoyageons, pour Pass éducation