L’IEF (Instruction En Famille), concrètement – Fiches quels bienfaits pour nos enfants ?

Vous êtes encore nombreux.ses à vous interroger, à ne pas savoir sur quel pied danser. Il y a des jours où vous êtes sûr.e de votre choix, et d’autres où vous l’êtes beaucoup de moins. Se lancer dans l’Instruction en Famille, ce n’est pas une mince aventure. C’est, d’abord, un choix très important et, de fait, difficile à faire. Il implique un changement de vie, plus ou moins important selon les familles. Certains devront démissionner, renoncer à une carrière professionnelle dans laquelle ils sont (peut-être) déjà engagés. D’autres seront confrontés à une pression familiale et sociale énorme ; d’autres encore se retrouveront peut-être encore plus isolés qu’ils ne le sont déjà, etc. Ainsi, il semble judicieux de se pencher plus en détails sur ces bienfaits, afin de (peut-être) vous aider à faire pencher la balance du côté qui vous semblera le meilleur pour votre enfant. 

Alors, l’IEF, pourquoi c’est si chouette pour les enfants ?

  • Les enfants peuvent être eux-mêmes. Ils ne sont pas obligés de se soumettre aux règles d’une classe, dictées par un adulte qui leur est inconnu et qui leur fait peur un peu trop souvent. Ils ne sont pas obligés de se taire quand ils ont quelque chose à dire, ou de demander l’autorisation de s’exprimer. Ils ne sont pas obligés de faire quelque chose sous la contrainte, alors qu’ils n’en ont absolument pas envie.
  • Ils restent dans un cadre sécurisant, avec des adultes qu’ils connaissent, aiment, et en qui ils ont confiance. Leurs apprentissages seront ainsi délestés d’un stress certain, par rapport aux enfants scolarisés.
  • Les enfants peuvent assouvir leurs besoins physiologiques, lorsqu’ils se font sentir – pas au moment où un adulte inconnu et autoritaire l’exige. Ils ne sont pas obligés de se lever tôt le matin et de se préparer sous le stress d’arriver à l’heure (et, de fait, ils ne sont pas non plus obligés de se coucher tôt la veille au soir). Ils ne sont pas obligés de rester assis quand leur corps leur crie de se mettre en mouvement. Ils peuvent aller aux toilettes, boire, se laver les mains, sortir prendre l’air, faire une pause, quand ils en ressentent le besoin.
  • Vous pouvez adapter les apprentissages aux goûts et aptitudes de votre enfant. Par exemple, si vous êtes en formel, et que tel manuel ne lui plaît pas, il suffit d’en changer. De même, si le formel ne lui convient pas, vous êtes totalement libre de passer en informel. Il suffit d’être à l’écoute et de bien observer votre enfant. A l’inverse, à l’école, l’enfant est obligé de s’adapter à ce que propose l’enseignant, sinon il se retrouve exclu. 
  • Dans un même registre, si votre enfant a des troubles quels qu’ils soient, l’IEF permet de s’y adapter pleinement, alors que, en système scolaire classique, ça reste un parcours du combattant.
  • L’enfant peut apprendre en faisant des expériences concrètes, basées sur du réel : non pas en se voyant rabâcher des théories toutes faites, souvent non actualisées, et qui, de par leur abstraction, restent souvent incomprises et donc non retenues.
  • Dans le cadre de fratrie, les enfants apprennent à travailler ensemble. Ils apprennent le respect et l’écoute de l’autre, l’entraide et le soutien. A leur rythme, en douceur, dans un environnement sécurisé, et sans contraintes. 
  • Ils bénéficient de conditions matérielles bien meilleures (ils ne sont pas 30 élèves par classe, avec un ou 2 adultes accompagnant). Cet aspect très important permet de réduire considérablement le temps des apprentissages, et d’ainsi libérer du temps pour le consacrer à autre chose – comme le sport, les lectures en famille, la découverte du monde, etc.
  • Les apprentissages n’ont pas de contrainte horaires, liée au groupe, à la classe. Ils peuvent se faire le mercredi soir à 20h, ou le dimanche matin à 7h, si c’est à ce moment-là que l’enfant y est le mieux disposé, si c’est ce moment-là que lui a choisi. Les études scientifiques ainsi que les exemples de personnalités connues prouvant que l’enfant apprend bien mieux quand il aime, et quand il est disposé, ouvert aux apprentissages, ne se comptent plus.
  • Les parents instructeurs n’ont pas un rôle d’enseignant, mais d’accompagnant respectueux, ouvert, à l’écoute, disponible, et tolérant. Il n’essaie pas d’orienter l’enfant dans un autre chemin que celui qu’il a choisi. Il entend les demandes de l’enfant, et met à disposition ce dont l’enfant a besoin pour assouvir ses envies d’apprendre (concrètement, si l’enfant a envie d’aller au musée, il n’est pas obligé d’attendre la sortie de fin d’année).
  • En IEF, vous ouvrez vos enfants à une nouvelle perspective sur le monde. Vous leur offrez la possibilité de vivre selon leur rythme et leurs propres centres d’intérêt. Vous êtes en charge et donc contrôlez ce que vous faites, quand vous le faites et comment vous le faites, en accord avec votre enfant. Tout cela permet d’évoluer et d’apprendre dans le respect de la personne qu’est l’enfant.

Si vous n’êtes pas encore tout à fait convaincu.e, ou bien que vous pensez que, malgré tout, la liste des bienfaits n’est pas assez longue, considérez cette autre liste, qui répertorie  les qualités personnelles présentes chez l’enfant, mesurables autrement que par des tests (en réalité, mesurées bien mieux lorsqu’elles le sont autrement que par des tests). Cette liste est certainement non-exhaustive, bien qu’elle soit elle aussi assez conséquente :

    • Esprit critique
    • Résilience
    • Motivation 
    • Persévérance
    • Curiosité
    • Humour
    • Endurance
    • Enthousiasme
    • Conscience civique
    • Confiance en soi
    • Conscience de soi
    • Autodiscipline
    • Empathie
    • Esprit d’équipe
    • Esprit de leader
    • Courage
    • Sens de la beauté
    • Sens de l’émerveillement
    • Ressources 
    • Spontanéité
    • Prise de risque
    • Prise d’initiatives
    • Humilité 
    • Tolérance

Ces qualités vous semblent importantes n’est-ce pas ? et pourtant, c’est bien dans des situations de vie réelles qu’elles seront le mieux évaluées et mises en valeur, qu’elles pourront le mieux s’exprimer : au cas par cas et de façon concrète, pas avec des tests prédéfinis, qui ne tiennent pas compte des personnalités de chacun, et présentent des situations abstraites.

De quels aspects très négatifs de l’école l’IEF coupe-t-elle nos enfants ?

L’école française reste « classique » et sourde aux derniers développements des neurosciences de l’enfant, ainsi que des résultats qu’elle obtient (ou, en l’occurrence, de l’absence de résultats). Elle continue à utiliser beaucoup d’anciennes méthodes, qui malheureusement ont ancré nombre de problèmes ayant des effets, plus ou moins dramatiques selon les individus, sur le développement du cerveau de l’enfant et sur son épanouissement personnel. Quelles sont les principales composantes délétères de ce système ?

    • C’est ancré dans la tradition de l’école française : tout apprentissage nécessite un dur travail, il est (très souvent) fortement ennuyeux et doit se faire dans la souffrance – sans souffrance, on ne peut apprendre.
    • L’école conserve un système ultra répressif, qui ne tient aucun compte des effets désastreux du stress sur le cerveau de l’enfant (mis en lumière par les neurosciences), et emploie des méthodes archaïques telles que la punition, la mise au coin, la récompense, etc ; alors que ces méthodes, de plus en plus ouvertement critiquées, se sont révélées non seulement totalement inefficaces par le passé, mais aussi particulièrement blessantes et destructrices chez de jeunes enfants ou adolescents qui essaient de se construire, et qui ont notamment besoin de renforcer leur estime de soi.
    • Le système de notation induit un système de compétitivité délétère pour l’épanouissement de l’enfant, qui est bien souvent rongé par le stress des résultats, tant à cause des réactions du corps enseignant, que de ses parents une fois les notes présentées à la maison – il a été prouvé par diverses études que les périodes de réception des bulletins de notes entraînent une augmentation de la violence parentale, qu’elle soit physique ou verbale. En outre, la compétitivité entre élèves nuit à leur bonne entente, et déclenche de l’agressivité. 
    • Nombreux sont les enfants, dans le système scolaire, à subir des harcèlements d’ordre divers, et bien souvent, malheureusement, dans l’ombre.
    • Le système classique, de par son essence même, mais aussi à cause de son organisation, nie les individualités. Seul le groupe (et, j’ajouterais, le rendement) comptent.
    • Les apprentissages se font le plus souvent sous la contrainte, parfois aussi (souvent) très éloignés des intérêts de l’enfant, et dans des périodes de temps trop limitées – toujours les exigences du fameux rendement.
    • La vie de la classe et les exigences de gestion temporelle et spatiale liées au groupe entraînent un irrespect absolu du rythme biologique de l’enfant, ainsi que de ses besoins physiologiques.

L’IEF, est-ce que ça peut aussi être chouette pour les parents ?

Aujourd’hui, ce n’est plus un secret pour personne : il faut apprendre à lever le pied, à lâcher prise, et à consacrer plus de temps à ce qui compte vraiment dans nos vies. Certains choisissent d’entendre et de répondre à cet appel, d’autres de l’ignorer. En faisant le choix de l’IEF, vous participez à ce mouvement de rapprochement vers plus de conscience du soi, vers moins de frénésie dans votre quotidien, vers le « je prends plus de temps pour ma famille et pour moi ». Faire le choix de l’IEF, c’est faire le choix de passer du temps avec nos enfants, du temps de qualité. C’est faire le choix de participer activement à leurs apprentissages. C’est faire le choix de les accompagner plus concrètement sur le chemin de leur vie. C’est choisir d’être là, réellement là, pour eux, et avec eux.

Alors, certes, ça peut vouloir dire que vous allez gagner moins d’argent, mais est-ce réellement cela le plus important ? Cela peut aussi vouloir dire mettre entre parenthèse une carrière, voire la couper net, mais, ainsi que le formulait superbement un père de famille anglais, cité dans le film de Clara Bellar, « Être et devenir » : votre carrière, votre vraie carrière, celle qui compte vraiment … c’est celle de parent.

Anne-Catherine Proutière, fondatrice du blog « Pédagogies alternatives en liberté », pour Pass éducation